yuyu hakusho
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 joyeu anniv kura

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soussoulovedm
vive depeche mode et yuyu hakusho
Détective du monde spirituel
soussoulovedm
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   Posté le 04-04-2007 à 14:11:00   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

c pa la miene mai jla met come mm :

[g]^_^ Coucou ! Ce fan fic est un petit délire de ma part et de celle de Kineko. On a eu l'idée générale ensemble, mais c'est moi qui me suis chargée de la rédaction et de la mise en ordre de nos gags débiles (j'en ai inventé quelques uns au passage).
PS ne vous étonnez pas si je laisse un peu toute la bande sauf Kura-chan et Hieï dans l'ombre, ce sont mes petits chouchous (surtout Hieï !) (mais j'avoue que là, il fait un peu trop gentil par rapport à la version du manga… Pas grave, c'est plus drôle !)
RePS, les persos, sauf Aka-chan, ne sont pas du tout à moi (et c'est bien dommage… Rhââ, Hieï !) mais à Togashi ou à je sais pas qui. Bon, tant pis… Et vive Yu Yu Hakusho !
[/g]


Joyeux anniversaire Kurama!

Kurama ouvrit la porte coulissante du temple de Genkaï d'un mouvement brusque, la faisant claquer dans son cadre. Yusuke, qui s'amusait à tenir en équilibre sur deux doigts, en perdit l'équilibre de surprise, et son postérieur entra rudement en contact avec le tatami, lui arrachant un grognement de douleur. Kuwabara, assis en tailleur à ses côtés, se retourna vivement, et regarda fixement le Yohko.
-Ben, Kurama, ça ne va pas ? T'as pas l'air de bonne humeur, dit Yusuke.
-Ouais, ajouta Kuwa, t'as pas l'habitude d'être aussi brutal. Quelque chose ne va pas ?
Sans répondre tout de suite, Kurama referma la porte derrière lui, la refaisant claquer, avant de se retourner vers ses amis. Il fronçait les sourcils, l'air à la fois énervé et soucieux. Genkaï lui adressa un regard inquisiteur, se levant pour se diriger vers lui. Il prit une profonde inspiration, se passa les mains dans les cheveux, puis se lança.
- J'ai un petit problème...

Flash-back
Kurama se leva vers les huit heures et demie, tranquillement, pas pressé, comme il aurait aimé toujours se lever - et comme il l'aurait fait s'il n'y avait pas eu l'école. Mais on était samedi, aujourd'hui, et il était bien décidé à se reposer. Peut-être même à se mettre enfin à s'occuper de ce petit cerisier qui ne prenait pas bien.
Il sortit de sa chambre, et se dirigea vers la cuisine pour déjeuner. Il ne s'attendait pas à rencontrer son beau-père- il était en déplacement pour son travail- ni Shuichi-kun. En effet, son demi-frère ne se levait jamais avant onze heures quand il le pouvait- et même des fois quand il était censé ne pas pouvoir, d'ailleurs...
Mais la cuisine n'était pas vide. Sa mère, dos tourné à la porte, déjeunait, attablée face à un grand bol de café et à des tartines à la confiture - miam miam… Kurama se dirigea vers elle en silence, et se pencha pour déposer un baiser sur sa joue. Elle ne sursauta même pas.
-Je ne t'ai pas fait peur, Kaasan ?
-Penses-tu, quand il s'agit de mon fils chéri, je peux deviner sa présence sans problèmes… J'ai senti que tu arrivais quand tu étais déjà dans le salon… Tu veux une tartine ?
Kurama lui sourit et s'installa en face d'elle, après s'être rempli un bol de lait chocolaté. Il adorait ces petits moments tranquilles, si loin du stress des batailles, des inquiétudes quand l'un d'entre eux était blessé et qu'il devait le soigner, des " prises de tête " d'énigmes à résoudre, et même des petits soucis de lycéen comme les devoirs… Ou la manière de semer les filles qui lui couraient après sans en faire pleurer une --- rude tâche.
-Shuichi… lui dit soudain sa mère, un sourire radieux sur le visage.
Il leva les yeux de son bol, surpris par le ton de bonheur et de bonne humeur qu'elle avait pris.
-Tu ne te rappelles pas de ce qu'il y a demain ?
Kurama se creusa la cervelle, mais il ne se rappela rien. Ce n'était pas l'anniversaire de Shiori, ni la fête des mères, ni son anniversaire de mariage - ça ne faisait que six mois qu'elle était remariée. Ils n'étaient pas invités non plus, il n'y avait pas de fête ou autre chose…
-Pour être franc, non… Je ne me rappelle rien d'exceptionnel. Mais c'est peut-être que je ne suis pas encore réveillé, dit-il avec diplomatie.
-Demain c'est ton anniversaire, mon chéri. Tu vas avoir dix-sept ans. Tu ne t'en souvenais réellement pas ?
Kurama se donna une claque sur le front, se maudissant pour sa bêtise. Ca lui était complètement sorti de la tête. Pourtant, avec tous les cadeaux et les cartes de vœux qu'il avait reçus de sa classe…
- Eh bien, tu es le seul garçon que je connaisse qui soit capable d'oublier la date de son anniversaire… ("Normal, chez les Yohko, on la fête tous les cent ans." J'avais pensé que tu aimerais peut-être recevoir tes amis, faire une petite fête… Enfin, pas vraiment une fête, on n'a pas le temps d'organiser ça, mais au moins inviter tes amis proches… Et puis, ce serait l'occasion pour moi de faire leur connaissance. Je suis si contente que tu te sois fait de vrais amis, et pas juste de simples relations, comme avant… Je voudrais vraiment les rencontrer… Shuichi ? ça ne va pas ?
-Si, si, ça va, Kaasan, répondit Kurama en tentant de recracher discrètement la gorgée qu'il avait avalée de travers et avec laquelle il s'étouffait. Mais, mes amis… De qui tu parles ?
-Eh, bien, de ces jeunes gens avec qui tu sors, par exemple celui qui était venu avec toi à l'hôpital, celui qui est venu te chercher une fois pour aller vous promener en ville, tu te rappelles ? Yu… quelque chose.
-Yusuke, compléta Kurama.
En effet, Yusuke était venu le chercher à la maison une fois- " promenade en ville " était un euphémisme poli pour dire qu'ils avaient couru derrière un ogre dévoreur de jeunes filles toute la journée pour essayer de lui casser la gueule. Finalement, après toute une nuit de poursuites, Hieï avait réussi à lui trancher une jambe, et Yusuke l'avait éclaté au Reigun - quand à lui, il avait gaspillé une bonne part de son énergie à soigner Kuwabara.
-Oui, Yusuke, c'est ça. Je t'ai déjà vu discuter avec lui plusieurs fois à la sortie des cours, et puis avec un autre garçon, grand, avec des cheveux roux…
-Kuwabara-kun.
-Invite-les donc ! Et aussi tes autres amis, par exemple la jeune fille avec les cheveux bleus…
-Elle s'appelle Botan, mais je ne crois pas qu'elle pourra, ni les autres d'ailleurs… Ils sont peut-être prévu quelque chose d'autre, tu sais…
-Ca ne coûte rien de demander… Dis-moi, cette Botan…demanda sa mère avec un sourire plein de sous-entendus. C'est la seule jeune fille avec laquelle je te vois…
-Ce n'est pas ma petite amie, rit Kurama, je te préviens tout de suite.
Moi, sortir avec Botan ? pensa-t-il. Elle est gentille, mais bien trop tête en l'air pour être autre chose qu'une amie… Et puis, ce n'est pas elle que j'aime.
-Et aussi le petit garçon… continua Shiori en comptant sur ses doigts.
-Le petit garçon ? Quel petit garçon ? demanda Kurama, surpris, sans voir de qui elle voulait parler.
-Je ne l'ai vu que de loin… Tu sais, celui qui t'accompagne quelquefois sur le chemin de l'école … Un garçon aux cheveux noirs, ébouriffés, qui porte toujours une espèce de grand manteau noir… Il doit avoir dix ou douze ans…
-Pffffrrr ! ! ! fit Kurama en recrachant sa gorgée de lait, les yeux écarquillés.
Dix ou douze ans ? ! Si Hieï entendait ça, sa mère était morte. Et en attendant, lui, il était mort de rire. Il tenta de dissimuler son fou rire sous un ton calme, mais il ne pouvait empêcher une étincelle de rire de danser dans ses yeux.
- J'ai dit quelque chose ?
-Rien, Kaasan, rit Kurama en épongeant le lait avec une serviette, c'est juste qu'il est un peu plus vieux qu'il n'en a l'air et qu'il est assez susceptible là-dessus.
-Vraiment ? Quel âge a-t-il ?
-Euh … Ben… hésita Kurama, ne sachant quoi dire. Treize ans ?
De quoi se plaignait-il ? Au moins il passait pour un préado, maintenant… C'était mieux que de passer pour un enfant. Et sa mère n'aurait jamais avalé le fait qu'il soit adulte -d'ailleurs il ne l'était pas, pas pour un Youkaï ; il n'était encore qu'un adolescent. De toute façon, il n'y avait pas une chance sur trois milliards que Hieï entende ça de la bouche de sa mère, quand à la sienne, il tenait trop à sa vie pour mentionner ce fait en sa présence.
-Invite-le donc aussi. Il a l'air gentil, mais un peu solitaire… Ca lui ferait du bien d'être avec des gens, continua Shiori d'un ton méditatif. Je le vois quelquefois errer dans les rues du parc, il doit s'ennuyer…
S'il l'invitait, pensa Kurama, c'est sûr, ils ne s'ennuieraient pas… Hieï avait autant de savoir-vivre, de self-contrôle et de bonne éducation qu'un chat sauvage affamé dont on essaye de piquer la souris. Et avec Kuwabara dans les parages, ce n'était même pas la peine de penser à finir la soirée avec seulement un maximum de un ou deux petits pansements, il épuiserait tout son stock de plantes de guérison… Si ce stock n'était pas détruit en même temps que la maison.
-Kaasan… gémit Kurama, atrocement mal à l'aise et ne sachant quoi faire pour lui sortir cette idée de la tête.
-Je t'en prie Shuichi… Je suis tellement contente que tu te sois enfin trouvé des gens que tu aimes bien, des gens qui te comprennent… Tu as eu si peu de vrais amis jusqu'à présent…
Elle le regardait avec de ces yeux…Plus le choix.
-Bon… Je verrai ce que je peux faire. Mais je ne promets rien. Je vais aller les voir et je te dirai ça ce soir, d'accord ?
Kurama, assis sur le tatami à côté des autres, acheva son résumé de la situation.
-Eh bien, où est le problème ? demanda Yusuke. On n'a pas de mission, on n'a rien à faire… Si ça fait plaisir à ta mère… Tu pourrais inviter aussi Keiko et Yukina…
La jeune fille des glaces, qui venait de les rejoindre avec le thé, acquiesça, heureuse.
-Oh, oui ! ! S'il vous plaît Kurama-san, j'en serais si ravie ! s'exclama-t-elle en battant des mains comme un enfant. Je peux venir ?
-Bien sûr…
- Y aura du saké? demanda Genkaï.
- Euh… Malheureusement, non, je ne pense pas que ma mère voudra me permettre l'alcool.
- Bon, je ne pense pas que je viendrai, alors, excuse-moi… Mais je ne crois pas que ta mère me connaisse.
- Comme vous voulez, Genkaï-shihan. Le problème… continua le Yohko, revenant à la question de Yusuke. Tu veux que je te fasse un dessin, Yusuke ?
-Oh, tu ne nous fais pas confiance ou quoi ? On sait se tenir, et on fera très attention à ne rien dire à ta mère qui pourrait l'inquiéter. Bon, c'est d'accord ! Ne fais pas cette tête, tout se passera très bien, tu verras, on va bien s'amuser !
-Ouais, ajouta Kuwabara, on ne fera pas de bêtises, on ne mettra pas les pieds sur la table, on ne dira pas de gros mots… Où est donc ce problème ?
Kurama entortilla une mèche autour de son doigt, encore mal à l'aise.
-Le problème, c'est que ma mère veut que Hieï vienne aussi.
Un grand fracas de branches brisées retentit dans la cour, suivi du bruit sourd d'un corps heurtant le sol et d'une bordée de jurons plutôt - très - grossiers, et assez pittoresques pour le monde des humains (les humains jurant rarement " par les couilles d'Emma "). Genkaï ouvrit calmement la porte coulissante, et, sur le côté de la cour, sous un arbre dont une branche était brisée, ils purent voir Hieï qui se relevait, s'époussetant, l'air totalement incrédule.
- J'ai mal entendu, interpella-t-il Kurama en s'avançant vers lui, sa voix basse grondant sourdement. Ta mère veut QUOI ?
-Que tu viennes à ma fête d'anniversaire, soupira Kurama.
-Une fête de quoi ? demanda Hieï en levant un sourcil.
-La fête que les humains font chaque année pour célébrer la date de leur naissance.
-Une fête… répéta Hieï, l'air surpris et un peu désemparé.
-Un truc où on se réunit pour s'amuser, manger…
- J'avais compris. Je ne viens pas, déclara-t-il d'un ton définitivement décidé.
-Mais ma mère t'a vu, elle veut que tu viennes, je vais avoir des ennuis…
-Je m'en fiche, dit-il sèchement en faisant demi-tour.
-Ne compte plus sur moi pour te soigner après la bataille si tu n'es même pas capable de me rendre un petit service, déclara Kurama, sa voix durcie par l'urgence de faire changer le petit démon du feu d'avis avant qu'il ne fiche le camp.
-Je pourrais demander à Botan… ou à Yukina, répondit Hieï en jetant un coup d'œil à sa sœur, mais il s'arrêta toutefois au milieu de la cour.
-Je transformerai en plantes carnivores tous les arbres sur lesquels tu dormiras, dit Kurama.
-Des menaces maintenant ? releva Hieï, agacé mais plus surpris que véritablement en colère.
-Tu ne me laisses pas le choix. Il faut absolument que tu viennes. S'il te plaît… Tu ne veux quand même pas que je te supplie à genoux ?!
-Hn ! Ce serait amusant, mais ça ne me ferait pas changer d'avis.
-Oh, je vous en prie, Hieï-san ! s'exclama Yukina, les mains enlacées sur sa poitrine en une attitude de prière. Ce sera amusant ! Ce ne serait pas bien de nous amuser sans vous, vous faites partie du groupe aussi… Je vous en prie, je ne pourrai pas profiter de la fête si je sais que vous être tout seul dehors…
Elle s'avança vers le démon du feu qui la fixait en rougissant, figé au milieu de la cour, et le saisit par sa cape.
-Je vous en prie… Pour me faire plaisir , demanda-t-elle, un sourire plein d'espoir sur le visage.
Hieï grommela dans sa barbe, très mal à l'aise, mais sans oser se dégager. Il tourna les yeux, rougissant quelque peu, incapable de soutenir plus longtemps le regard de Yukina. Il tira doucement sur le bord de sa cape pour qu'elle le lâche, puis, s'écartant de quelques pas, sur un ton rendu furieux par sa défaite, avec un grand geste coléreux, il dit :
-Très bien, je viendrai ! Mais si quelque chose ou quelqu'un m'ennuie, ajouta-t-il avec un coup d'œil suspicieux en direction du grand rouquin, je fiche le camp aussitôt !
Kuwabara fronça les sourcils, les yeux écarquillés par la surprise, stupéfait de ce que sa douce amie ait réussi à faire plier ce nain hystérique et pyromane sans y laisser la vie - alors que lui ne pouvait même pas le regarder de travers sans se retrouver à " profiter " des soins de Kurama. Yusuke dut se mordre les lèvres pour ne pas rire de la déconfiture du petit démon et de la manière dont sa sœur l'entortillait autour de son petit doigt pour lui faire faire ses quatre volontés, même si elle ne se rendait probablement pas compte de l'influence qu'elle avait sur lui. Genkaï se contenta de secouer la tête, avec un petit sourire amusé au coin des lèvres.
Kurama soupira, soulagé.
-Merci, Hieï. Tu ne le regretteras pas, promis.
-Je regrette déjà, grogna-t-il.
Il se détourna pour partir, mais au dernier moment, Kurama se souvint de quelque chose, et le rappela.
-Hieï, attends ! Il y a encore un léger petit détail …
-Hein ? ronchonna le Youkaï.
-Ma mère ne t'a vu que de loin, et chez les humains, on n'a pas autant de variété dans les tailles que…
-Arrête de tourner autour du pot, déclara sèchement le Koorime en se plantant face à lui, mains sur les hanches.
-Elle croit que tu as douze ans. Il va falloir que tu te fasses passer pour un jeune garçon.
-NANI ?!?!! Jamais !! Tu m'entends ?!
-Et il va falloir que tu changes de vêtements, tu n'es pas vraiment à la mode…
-TU BLAGUES ?! PLUTOT CREVER ! ! !

Kuwabara se mordit violemment les joues pour éviter d'éclater de rire, mais ça ne lui servit pas à grand-chose ; c'était vraiment trop drôle. La vue du démon du feu, vêtu non plus de sa cape sombre mais d'une très jolie salopette en jeans, aux jambes roulées pour s'accorder à sa taille, et d'un t-shirt (tenez-vous bien) Pikachu, les poings serrés et les mâchoires crispées à s'en faire péter l'émail, lui donnait l'air non plus d'un redoutable adversaire sadique et sans pitié - mais d'un sale gosse faisant un caprice. Yusuke regarda fixement le démon de feu quelques secondes, puis tourna lentement ses yeux vers Genkaï. Elle s'éclaircissait la gorge en regardant le sol. Kurama se mordait les lèvres, les joues rouges à la fois de gêne pour lui et d'envie presque irrésistible de s'exclamer : " Kawaï ! " -à laquelle il ne résistait que parce que Hieï avait gardé à portée de main son inséparable katana.
Kuwabara échangea un regard avec Yusuke, et ils éclatèrent de rire ensemble, incapables de se retenir. Ils s'étouffaient à force de s'esclaffer, et plus ils riaient, plus les joues du démon devenait d'un rouge profond, et plus ses poings se crispaient. Kurama ne put résister au fou rire général et se mit à pouffer sans pouvoir s'arrêter. Genkaï suivit d'un petit ricanement sec, puis (goutte d'eau qui fait déborder le vase pour l'humeur déjà monstrueusement mauvaise de Hieï) Yukina, entraînée par les autres, gloussa, bien qu'elle fasse vraiment tous ses efforts pour s'en empêcher. Une fois seulement, mais le mal était fait.
-Arrêtez ! ! ! hurla Hieï, furieux.
Mais son cri de rage n'eut comme effet que de décupler l'hilarité des spectateurs.
-Désolé, hoqueta Kurama entre deux gloussements, mais tu es trop…
-Trop quoi ? gronda le démon, une menace clairement audible dans sa voix rageuse.
-Mignon… lâcha Kuwabara, carrément asphyxié.
-Grrrr… rugit le petit démon, ses yeux écarlates fixés sur le stupide Ningen qui avait eu l'incroyable bêtise de lâcher le mot.
-Oh oh… souffla Kurama, son envie de rire instantanément disparue en entendant le grondement que son instinct lui indiquait comme annonciateur d'ennuis.
L'énergie de Hieï augmentait de façon inquiétante…
Soudain, Kuwabara poussa un hurlement et se précipita de toute sa vitesse vers le petit étang au fond du jardin, où il se jeta les fesses en premier. Un petit filet de fumée marquait la trajectoire qu'il avait empruntée, et de la vapeur s'éleva de l'eau en sifflant, tandis que des bulles d'ébullition commençaient à se former. Hieï se retourna lentement vers les autres, ses yeux rouge sang flamboyant de rage et de menace.
-Y en a un autre que ça fait rire ? demanda-t-il d'une voix dangereusement douce, sa main enveloppée de flammes.
-Moi je trouve que ça vous va bien, dit doucement Yukina en lui souriant gentiment, le faisant perdre sa maîtrise du feu qui s'éteignit tout seul. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne vous remarquera pas, vous avez l'air d'un humain totalement normal. Par contre, les cheveux…
- C'est vrai, déclara Kurama d'un ton méditatif en se grattant le menton. Il faudrait quelque chose…
-Je sais, dit Genkaï en partant d'un bond vers le temple.
Elle revint quelques secondes plus tard, et s'avança vers Hieï. En se plaçant devant lui, elle le cacha à la vue des autres, et ils ne purent voir ce qu'elle faisait qu'une fois qu'elle se fut écartée.
Le pire, c'est que la casquette lui allait bien. Un parfait, adorable, irrésistible sale gosse.
-Pffr… pouffa Yusuke.


Le lendemain, quatre heures

-Ding Dong !
- J'y vais Kaasan ! s'exclama Kurama en se dirigeant vers la porte.
Keiko et Yusuke se tenaient sur le seuil. Ils étaient les derniers attendus, Kuwabara, Yukina et Botan étaient arrivés quelques minutes plus tôt.
- Konnichi wa ! Entrez, tous les deux, invita Kurama.
-Salut Kura… Shuichi, rectifia vivement le Mazoku sous le regard sombre du Yohko.
-Evite de gaffer, Yusuke… lui chuchota Kurama d'un ton menaçant, en lui passant dans le dos une main, apparemment amicale, mais à la pression rien moins que préventive.
Le Kitsune les précéda jusque dans le salon, où sa mère servait une assiette de petits gâteaux aux trois autres invités.
-Je vous présente ma mère, Shiori.
-Bonjour, madame, très heureux de vous rencontrer !
Yusuke se tourna vers Kurama et lui donna ce qu'il tenait à la main.
-Tiens, ton cadeau… Désolé, on n'a pas eu le temps de chercher un truc un peu plus...
-Un rosier… dit Kurama, et il pouffa en même temps que sa mère.
Derrière eux, sur la table du salon, il y avait trois rosiers miniatures. Yukina, Kuwabara et Botan se mirent à rire aussi. Ils avaient tous eu la même idée.
-On, ça me va très bien, arigato ! Bon, eh bien… Il est quatre heures, on pourrait goûter ?
-Le petit garçon n'est pas venu ? demanda Shiori.
Kuwabara et Yusuke pouffèrent dans leur gâteau, postillonnant des miettes un peu partout.. Kurama leur jeta un regard mauvais.
-Je ne pense pas qu'il pourra venir, je ne sais pas…
Shiori soupira, déçue, et se dirigea vers la cuisine pour aller vérifier où en étaient ses gâteaux. A ce moment, la sonnerie retentit.
Hieï se tenait sur le pas de la porte, renfrogné… Mais bel et bien vêtu de la salopette et de la casquette. Il avança lentement, comme malgré lui, et se planta face à Kurama.
-Je suis venu, déclara-t-il sèchement, sous-entendant par là que Kurama lui en devait une belle, à présent, et qu'il n'allait pas lui laisser l'oublier de sitôt.
-Merci…lui dit Kurama, vraiment ravi et stupéfait que Hieï ait fait cet effort incroyable.
De toutes façons, pensa-t-il, il était toujours prêt à tout pour aider son ami, alors… Une dette ne changeait pas grand-chose.
A ce moment il aperçut la bosse curieuse qui déformait le devant de la salopette. Il allait demander ce que c'était quand elle bougea, et une petite tête au museau pointu, recouverte de poils roux duveteux, émergea de l'ouverture, une de ses oreilles pliée en arrière d'une manière irrésistiblement adorable.
-Oooh ! s'exclamèrent en chœur les trois filles. Kawaïï ! !
Hieï extirpa la boule de poils de sa salopette par la peau du cou, et la tendit à Kurama.
-Cadeau, grogna-t-il avec un petit reniflement qui montrait qu'il était heureux de s'en débarrasser.
-Mais, c'est un renardeau ? ! s'exclama Kurama, stupéfait, quand il l'eut vu en entier. Tu l'as trouvé où ?
-J'l'ai pas trouvé, j'suis passé à côté.
-Quelle différence ? demanda Kuwabara.
Hieï lui jeta un regard mauvais, déposa la boule de poils au sol, et fit mine de s'éloigner.
Gnap !
Le renardeau s'était dandiné vers lui de toute la vitesse dont étaient capables ses petites pattes mal coordonnées et l'avait agrippé par le bas de sa salopette, plantant ses crocs dedans. Hieï tenta d'avancer, mais le renardeau ne le lâchait pas, se laissant traîner. Il poussait de petits gémissements, mi-jeu, mi-peur d'être abandonné.
- C'était moins fatiguant de le porter que de le traîner comme un boulet.
- C'est gentil, Hieï, déclara vivement Kurama pour étouffer les envies de rire de Kuwa, mais… Je ne sais pas si je peux le garder… Et sa mère alors ?
-Morte. J'croyais que t'aimais les renards… ajouta le démon du feu avec un reniflement moqueur et plein de sous-entendus.
Kurama accepta donc le renardeau, mais il en fut vite délesté par Keiko, qui tenait absolument à câliner un peu (beaucoup) cette adorable peluche gigotant.
De l'humble avis de Kurama, Hieï lui avait " offert " ce renardeau pour une seule raison : se débarrasser de lui. Mais le fait qu'il ne l'ait pas tué ou l'ait forcé à lâcher prise pour partir était plutôt étrange… Ca ne cadrait pas avec le Hieï qu'il connaissait. Est-ce que, finalement, l'habit faisait le moine ? Ou était-ce un côté qu'il dissimulait habituellement, mais qui existait en lui ? Ou l'influence de sa sœur, peut-être… Bizarre, totalement inattendu, mais… Kurama était content. Même si ce cadeau était un peu empoisonné… Le renardeau était bien jeune pour être facile à élever.
A ce moment, Shiori sortit de la cuisine. En voyant Hieï, elle eut un grand sourire et s'avança vers lui vivement. Il lui jeta un regard suspicieux et recula d'un pas, mais trop tard.
Kurama hoqueta de surprise en voyant sa mère se pencher sur Hieï pour lui faire la bise, comme aux autres invités. Il ne s'était, bêtement, pas du tout attendu à ce que sa mère le traite comme ça, et ne put que prier que l'habit faisait VRAIMENT le moine, et que Shiori n'allait pas se retrouver incrustée dans le mur.
Le démon de feu se figea, indécis, et prit une jolie couleur écrevisse ébouillantée en sentant le contact de la mère de Kurama. Il ne savait pas quoi faire, partagé entre le besoin de s'écarter- ou de l'écarter elle, et pas en douceur- et la nécessité de se faire passer pour un garçon normal- et de ne pas mettre Kurama très très en colère en envoyant balader sa mère… Et peut-être aussi le dérangeait le constat, difficile à admettre, que ce n'était pas désagréable…
Shiori s'écarta légèrement du petit démon, et le prit par les épaules pour le tourner vers elle, sans noter qu'il se crispait- son instinct de Youkaï ayant grandi dans un monde extrêmement dangereux lui interdisait de laisser quelqu'un porter la main sur lui et envahir son espace vital. Il n'avait pas survécu aussi longtemps seul étant enfant en se laissant tripoter par le premier venu, après tout. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la situation lui était difficile à gérer…
-Alors c'est à ça que tu ressembles… sourit Shiori. Je suis contente de te rencontrer.
Il lui jeta un coup d'œil presque affolé, très mal à l'aise, et baissa la tête, marmonnant on ne savait quoi dans sa barbe. Shiori vit qu'il était gêné et, gentiment, elle reporta son attention ailleurs… Sur la boule de poils que Keiko avait déposée à terre sur laquelle étaient penchées Botan et Yukina.
-Oh, qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle au " petit garçon ".
-Un chiot, Kaasan, répondit Kurama à la place du démon du feu, lui arrachant un coup d'œil soulagé. Il l'a trouvé sur la route, il ne peut pas s'en occuper et il veut me le donner… Je peux le garder ?
-Oui, bien sûr, nous avons un grand jardin… Et il est si mignon ! s'exclama-t-elle en s'agenouillant au-dessus du bébé qui mordillait affectueusement les doigts de la fille des glaces. Je vais lui faire chauffer du lait, il a l'air d'être trop jeune pour se nourrir seul…
Elle fila à la cuisine, laissant à Kurama le soin de les amener dans le salon. Le Yohko haussa les épaules et leur fit signe de les suivre. Ils s'installèrent sur le canapé et les fauteuils, Yusuke à côté de Keiko, et Kuwabara à côté de Yukina - Hieï poussa un grognement bas, énervé de le voir coller sa sœur, mais il ne dit rien de plus - il savait qu'il n'avait pas le droit d'intervenir dans la vie de Yukina sans prétexte et sans lui dire pourquoi il se mêlait de ses affaires. Il s'assit d'un bond sur la fenêtre ouverte, derrière le fauteuil de Botan, et se mit à regarder fixement l'arbre dans le jardin.
Ne sachant trop de quoi parler, les garçons commencèrent sur un sujet sans risques, l'école. Les filles, pendant ce temps, mettaient en pratique leur instinct maternel sur la pauvre petite bête, qui essayait désespérément d'échapper à leurs caresses, cajoleries, gratouilles, agaceries, etc. .. et poussait de petits gémissements incessants en se tortillant comme un ver coupé, sans réussir à se dégager ; à chaque fois qu'il échappait à l'une, l'autre le rattrapait…Pauvre petite chose, pensa Kurama, compatissant.
Shiori revint quelques minutes plus tard avec un biberon de lait chaud et une assiette remplie à ras bord de muffins, de brownies et autres petits gâteaux. Les filles se chamaillèrent quelque temps pour savoir qui allait nourrir le renardeau, puis Yukina l'emporta. Le bébé Kitsune poussa encore quelques petits glapissements agacés, puis sentit le lait et se mit à téter avidement, sa petite queue se balançant en cadence.
- C'est pas trop tôt, soupira Kuwabara en mordant dans son muffin. Je me demandais s'il allait se taire un jour… Y a pas, c'est imparable le biberon !
-Oui, ça avait cet effet aussi sur Shuichi, déclara sa mère en riant. C'est son biberon, après tout ! Qui sait, il a peut-être une vertu spéciale !
- Kaasan ! Ne me dis pas que tu as gardé ce biberon !
-Bien sûr que si ! Tu étais si mignon avec…
Yusuke riait ouvertement, malgré le regard menaçant de Kurama. Il lui fit une grimace malicieuse et demanda à sa mère, avec un grand sourire :
-Mais dites-moi, madame, vous devez bien avoir encore des photos de lui, non ?
-Bien sûr, j'en ai au moins trois volumes… Ca vous intéresse ?
-Oui ! répondirent-ils tous en chœur, des sourires jusqu'aux oreilles.
-Non ! cria Kurama, les joues écarlates. Kaasan, s'il te plaît, pas ça !
-Pourquoi donc ? demanda-t-elle en saisissant dans le buffet un tas d'albums photos. Tu étais vraiment très mignon !
-Kaasan, non ! J'veux pas ! Il n'est pas question que tu leur montres mes photos de bébé!

La photo de Kurama à deux ans pataugeant dans la gadoue, constellé de taches de boue, riant aux éclats, remporta un franc succès, tout comme celle de lui à sept ans tout barbouillé de confiture, ou celle, à quatre ans, où il était installé sur trois bottins sur la chaise du bureau de son père, les lunettes de celui-ci sur le nez, en train de " lire " le journal; mais la préférée de toute l'équipe était sans conteste celle où, vers ses trois ans, il pataugeait tout nu dans la baignoire, en train de faire couler un canard en plastique dans les profondeurs sans nom du bain moussant, à l'aide d'un redoutable avion de chasse-porte-savon.
- J'ai hooooonte…

-Mais dites-moi, les enfants, demanda la mère de Kurama une fois qu'ils eurent fini de scruter les photos de son fils, je ne connais pas tous vos noms je crois ?
Elle se tourna vers la jeune Guide des morts.
-Vous vous appelez Botan, n'est-ce pas ? Un joli nom, original… Il signifie la pivoine, si je me souviens bien ?
-Haï !
-Yusuke, intervint l'intéressé, ça signifie le fantôme- quelque chose, mais j'sais pas quoi… Ma mère était bourrée quand elle m'a baptisé… Oops, dit-il en croisant le regard agacé de Kurama-- exact, Shiori n'avait pas à savoir que sa mère était complètement alcoolo.
- Kazuma, c'est… bonne fraîcheur… avoua l'intéressé avec un sourire gêné, et un petit froncement de sourcils qui prévenait qu'il prendrait assez mal ne serait-ce que le moindre petit sourire.
Kurama- qui personnellement mettait bien à profit son grand self-control- crut qu'il rêvait quand il entendit pouffer du côté de Botan. Il lui jeta un regard suspicieux, mais elle ne disait rien, il avait bien entendu ce qu'il croyait… Le bruit venait de derrière elle… De Hieï. Il se mit à ricaner ouvertement, de son air si moqueur qui donnait envie à n'importe qui de rentrer sous terre.
Kurama aurait préféré apprendre que Hieï avait le sens de l'humour à un autre moment que devant sa mère et aux dépens d'un de ses invités les plus colériques. Kuwabara siffla de colère, prêt à attaquer, mais se retint en surprenant le regard plein de menaces du Yohko.
-Et toi, c'est pas mieux ! se contenta-t-il de répondre, sa voix pleine d'agressivité contenue.
- C'est loin d'être pire… ricana le Youkaï. Bonne fraîcheur… Pfrr…
- C'est vrai, intervint Shiori, je ne connais même pas ton nom, jeune homme…
-Euh… Hieï.
-Quels Kanji ?
-Ombre et Voler, répondit simplement le Koorime.
Etrange, se dit Kurama, je pensais qu'il ne savait même pas lire. Comment les connaît-il?
-Joli, décida Shiori après un instant de réflexion ; joli, très évocateur, mais pas très joyeux… Et ton nom de famille ?
-Euh … dit Hieï, cherchant frénétiquement un nom à donner à Shiori.
Il n'avait pas de nom de famille, il n'en avait jamais eu. Même son prénom, il se l'était donné lui-même, d'après les qualificatifs que lui lançaient les voleurs avec qui il traînait était enfant, et ses propres désirs- en effet ils n'avaient pas jugé utile de le baptiser autrement que " le gamin " (quand ce n'était pas " le petit emmerdeur " ou " le nain ", ou encore " l'autre hystérique "…). Et sa mère évidemment ne lui avait pas donné de nom de famille, d'ailleurs, les femmes des glaces n'en utilisaient pas… Les femmes des glaces…
-Koorime. Hieï Koorime, lâcha Hieï, presque affolé par l'urgence de combler la brèche avant que Shiori ne commence à se poser des questions.
Il baissa les yeux, gêné, et ne surprit donc pas le regard stupéfait que lui lança Yukina … Elle était une Koorime, une femme des glaces ; Hieï était un démon du feu. Elle avait beau réfléchir, elle ne comprenait pas pourquoi Hieï avait pensé à donner sa race à elle pour son nom. Et puis elle, maintenant, elle allait dire quoi si on le lui demandait? Elle ne pouvait pas dire qu'elle s'appelait Yukina Kuwabara, quand même, pensa-t-elle en rougissant.
-Et vous Yukina-chan ? demanda Shiori, réalisant sans le savoir la crainte de la fille des glaces.
-Mon nom signifie la fille des Neiges… dit-elle en souriant, espérant que la mère de Kurama ne lui en réclamerait pas plus.
-Yukina Koorime, c'est très joli… sourit Shiori.
-Hein ? ! s'exclama Yukina avec confusion. Mais je ne…
-Vous n'êtes pas frère et sœur ? demanda poliment la mère de Kurama, légèrement surprise. Vous vous ressemblez tellement… Surtout les yeux.
Les réactions de ceux qui étaient au courant furent remarquablement synchrones. Yusuke lâcha la tasse de café qu'il tenait, que Kurama rattrapa au vol uniquement par réflexe, se brûlant la main au passage sans y prendre garde. Botan s'étouffa avec son gâteau et se mit à tousser comme une tuberculeuse en phase terminale.
Quand à Hieï, il ne devait qu'au fait d'avoir une jambe calée de l'autre côté de la fenêtre de n'être pas purement et simplement tombé comme une masse sur le parquet.
-K'sooo… souffla Yusuke en lançant à Kurama un regard affolé, que celui-ci ne put que lui rendre.
Quand à Kuwabara, il renifla de dégoût à cette idée- la femme de sa vie, si mignonne et si douce, apparentée avec ce petit gnome teigneux et tout ébouriffé, aux yeux brûlant sans raison de rage permanente... Berk ! ! Keiko se contenta de les regarder l'un après l'autre, sentant instinctivement qu'il y avait quelque chose qui lui échappait dans cette affaire.
Yukina jeta un regard indécis au démon de feu. Il n'était plus à demi tourné vers l'extérieur, l'air indifférent et ennuyé, il fixait la mère de Kurama d'un œil stupéfait, penché en avant, les mains crispées si fort sur le rebord que ses phalanges en devenaient blanches. Yukina vit qu'il avait l'air incroyablement mal à l'aise. Elle se laissa aller à son instinct et répondit avec un sourire innocent :
- C'est exact, nous sommes frère et sœur, dit-elle, espérant que le démon du feu ne mettrait pas son petit mensonge en l'air. Mon nom est donc : Fille des Neiges des Femmes des Glaces. Ca fait un peu une répétition.
-Et Hieï est l'Ombre Volante des Femmes des Glaces, ajouta la mère de Kurama d'un ton pensif et amusé.
L'Ombre Volante poussa un grognement indécis, lui lança un regard indéchiffrable, puis détourna vivement les yeux, et s'assit en tournant carrément le dos aux autres. Yukina se demanda pourquoi il était aussi rouge, et pourquoi il avait l'air aussi atrocement mal à l'aise. Elle lui semblait si indésirable que ça dans le rôle de la sœur ? C'était dommage, elle, elle aimait bien ce petit démon têtu… Elle ne savait pas du tout à quoi son vrai frère ressemblait, et elle l'aimait tel qu'il était même sans le connaître, mais si elle avait pu choisir, elle aurait volontiers accepté Hieï… Il était si gentil sous son air bourru, au fond…
-Ta mère est admirablement perspicace, souffla Yusuke à Kurama.
-Oui, grimaça le Yohko, je me demande si mon influence ne lui a pas fait développer des dons de médium.
-Je me demande quels secrets vous échangez, tous les deux … intervint sa mère, le faisant déglutir convulsivement. Bon, je vais chercher le gâteau.
Shiori retourna vers la cuisine, et au bruit qu'elle fit en reculant sa chaise, le renardeau qui s'était endormi sur les genoux de Keiko se réveilla, et se mit à gémir. Kurama lui fut très reconnaissant de cette diversion bienvenue.
Le renardeau réussit à force de se tortiller à échapper à Keiko, et glissa sur le parquet. Il se mit à déambuler dans la pièce, suivi du regard par tout le monde (à défaut d'un sujet de conversation sans risques…).
Soudain, Botan s'exclama :
-Tiens, et si on lui trouvait un nom ?
Elle se pencha sur le renardeau et essaya de l'attraper. Mais avant qu'elle ait pu refermer ses mains entièrement sur lui, il se retourna, et lui lança un vif coup de crocs, de ses petites dents pointues comme des aiguilles.
-Aïe ! !cria-t-elle en reculant vivement la main.
Le renardeau en profita pour se faufiler entre ses jambes et alla se camoufler sous la table basse. Instantanément, les filles se penchèrent de tous les côtés pour essayer de le rattraper, mais il se terrait, effrayé, et il refusa de sortir, malgré les doux appels, murmurés d'une voix apaisante, lui demandant de sortir, les promesses de câlins, et les morceaux de chocolat tendus vers lui.
Kurama tenta de décourager les filles de le faire sortir, comprenant fort bien l'angoisse de la petite bête (eh, il avait eu cet âge, lui aussi, et s'il avait été coincé étant enfant par une bande d'humains, il se serait caché tout aussi bien.) . Mais les filles insistèrent, et Yusuke lança :
- Il faut bien qu'il s'habitue aux êtres humains, ton bestiau, il va devenir sauvage… Essaye, toi, après tout, il est à toi !
Kurama s'agenouilla près de la table, et lança un coup d'œil vers la boule de poils. Elle était roulée en boule, la queue ramenée sous le ventre, et elle tremblait. Le Yohko jeta un coup d'œil vers la cuisine, mais sa mère ne faisait pas mine de sortir. Il allait pouvoir essayer...
Il s'allongea sur le côté pour pouvoir voir le petit, et se mit à pousser un étrange cri de gorge, un gémissement comme ceux qu'en poussent les chiens… Et les renards évidemment. Ce cri signifiait, en gros : N'aie pas peur, je te protège. N'importe quel canidé pouvait le comprendre, c'était un cri universel, pas besoin d'être un Yohko. Le sens en était évident.
Pas pour la boule de poils.
Il se recula encore plus, et poussa un gémissement plaintif. Suivi par beaucoup d'autres. Sa voix perçante et aiguë semblait capable de briser les vitres, et Kuwabara et Yusuke appuyèrent vivement leurs mains sur les oreilles avec une grimace de douleur.
-Il pleure sa mère, déclara Kurama en se relevant. Il ne comprend pas pourquoi elle ne vient pas. Il faut lui laisser le temps de s'habituer, c'est tout.
-Dis-moi, Hieï, demanda Kuwabara d'un ton soupçonneux, t'es sûr que sa mère était morte ? Sinon, faut le lui rendre en vitesse, il est insupportable…
-Si elle ne l'était pas, faut qu'elle me donne la recette, répondit sèchement le démon du feu. Sauf si elle a pas la formule pour recoller les morceaux. Vivre en pièces détachées ne doit pas être pratique.
- Eeeerk… T'es dégueu ! s'exclama Kuwa en s'imaginant la scène.
- C'est toi qui m'as demandé, répliqua Hieï avec un reniflement de mépris.
- Vous êtes très gentil d'avoir pris si bien soin de lui, dit Yukina d'une voix douce ; le pauvre petit bébé…
Hieï se crispa et ses joues devinrent de la même couleur que ses prunelles.
-Euh… Ben… dit-il en baissant vivement les yeux au sol. C'est juste que j'arrivais pas à le détacher… C'est tout…
- T'as pas pensé à lui casser la mâchoire pour te dégager ? demanda Yusuke, soulevant des protestations de toutes les filles et une tape de Keiko. Mais Aïeuh ! Ben quoi ? C'est pas un truc que j'ferais, mais ce s'rait bien du genre de Hieï… Pas vrai ?
- Hn… J'devais amener un truc pour Kurama, déclara le Youkaï en s'absorbant dans la contemplation des lames du parquet. J'ai pris la première chose qui m'est tombée sous la main…
Il jeta soudain un regard suspicieux à sa jambe qui pendait du rebord de la fenêtre, puis la releva lentement.
-Ou plutôt, qui s'est agrippée à mon pied, ajouta-t-il d'une voix grondante en amenant à la vue de tous le petit renardeau suspendu à son talon.
-Iiiiii… Iiii, gémit le renardeau, les mâchoires crispées sur la chaussure de Hieï, les pattes à vingt centimètres du sol.
Le démon du feu ramena son pied devant lui, sur le rebord de la fenêtre, et détacha difficilement les dents de la petite bête de sa basket. Le renardeau se retrouva assis assez brusquement sur le large rebord, en face de Hieï. Celui-ci détourna son regard de la boule de poils et se tourna vers les autres.
-Botan… dit-il lentement en indiquant le bestiau du pouce, lui signifiant par là qu'il verrait d'un assez bon œil qu'elle l'en débarrasse.
Mais avant que la Guide des Morts ait eu le temps d'obtempérer, le renardeau se décida à bouger. Il s'approcha encore du Koorime et posa une patte sur sa cuisse, gémissant pitoyablement. Hieï le regarda, surpris. Le renardeau referma ses dents sur le bord de sa salopette et tira dessus, piaillant d'un ton suppliant.
- J'ai une hypothèse, annonça très sérieusement Kurama au milieu du silence général. Tu es la première chose qu'il a vu et il t'a " imprimé " en tant que sa mère. Tu sais, comme les canards…
Tout le monde se mit à rire. Le Youkaï lança à Kurama un regard brûlant qui prédisait une brûlure plus réelle, énervé comme il était toujours qu'on se moque de lui. Le Yohko se hâta de rectifier le tir avant de n'avoir plus comme seule option que d'appeler les pompiers en urgence.
-Non, sans rire, il a dû avoir très peur quand sa mère a été tuée, et tu es celui qui l'a mis à l'abri… Dans ta salopette. C'est pour ça qu'il veut y retourner. Il te fait confiance, Hieï, ajouta Kurama après un instant d'hésitation.
C'était une chose bizarre à dire, trouvait-il. Il n'avait pas pensé mettre un jour ces deux mots dans la même phrase…
-Hn ! grogna le démon du feu en fronçant les sourcils.
- Franchement, il a un jugement assez bizarre ! s'exclama Kuwabara, clamant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, sous des formulations légèrement différentes. S'il y a quelqu'un avec qui il ne devrait pas être en confiance, c'est bien Hieï !
-Ta gueule, Haleine Fraîche, lança vivement le démon du feu. Ningen no baka !!
Il saisit le renardeau par la peau du cou, et, à la surprise des spectateurs, qui s'attendaient à le voir effectuer un lancer de renardeau à une distance olympique, le remit dans sa salopette. Puis il leur tourna le dos, les deux jambes pendant par la fenêtre, prêt à bondir.
Kurama tendit une main en avant, se demandant si le Youkaï avait réellement l'intention de partir, mais il n'eut pas le temps de faire plus.
-Ca y est, le gâteau est cuit, les enfants ! Asseyez-vous, déclara Shiori en entrant dans la pièce.
Les invités s'installèrent autour de la table, légèrement confus de cette interruption. Yusuke profita du moment où ils s'installaient pour échanger un regard de soulagement avec Kurama.
-Ta mère a un sens du timing à toute épreuve…
-Elle a aussi un sens de l'hospitalité assez développé… Tu crois qu'après les petits gâteaux et les muffins, tu as encore assez faim ? Je te préviens que celui-là n'est pas le dernier…
-Encore combien de gâteaux ?
-Connaissant Kaasan… T'auras plus envie de manger pendant trois ou quatre jours.
- Encore vos messes basses ! Qu'est-ce que vous marmonnez les garçons ?
-Rien m'dame ! s'exclama Yusuke, l'air aussi innocent qu'un agneau qui vient de naître (mais qui se rappelle un tas de trucs vachement intéressants de ses vies antérieures).
La mère de Kurama commença à distribuer les parts, mais elle se tourna soudain vers Hieï qui était resté perché sur sa fenêtre, toujours aussi crispé.
-Eh bien, tu ne viens pas mon petit? Tu n'aimes pas les gâteaux ?
Hieï lui jeta par-dessus son épaule un regard expectatif, et se décida à se tourner lentement vers elle et à se laisser glisser doucement du rebord.
-Tu as l'air bien prudent…
-Si j'le réveille, y va me bouffer ma salopette, s'expliqua le Koorime d'un ton à la fois bourru et timide en montrant à Shiori la petit bête endormie dans ses vêtements.
-Oooh , que c'est mignon ! s'exclama Shiori en joignant les mains. Je vais chercher l'appareil, ne bouge pas !
- L'appareil… ? demanda Hieï en jetant un regard inquiet à Kurama.
-Oh, rien de bien méchant, lui assura Kurama en se mordant les joues pour ne pas exploser de rire.
Kaasan avant raison, Hieï était… Tout simplement adorable. C'était une image qui méritait cent fois d'être classée dans les annales, ne serait-ce que pour garder pour la postérité un moment aussi unique et inattendu…
Hieï, adorable… Encore deux autres mots que la bande n'aurait jamais pensé employer un jour dans la même phrase. Ils le regardaient tous, figés, essayant désespérément de s'empêcher de bouger pour ne pas risquer de briser cet instant si exceptionnel.

Kuwabara pouffa.

Quel andouille, il fallait croire que l'autre fois ne lui avait pas servi de leçon. Yukina poussa un glapissement surpris, puis un cri affolé, en voyant monter des cheveux de son ami un filet de fumée. Kuwabara leva les yeux, intrigué, et se releva vivement en sentant la chaleur, bousculant sa chaise qui bascula en arrière.
-Hyaaa ! Ce malade mental a mis le feu à mes cheveux !
-Bah… Ca sera pas une grande perte, souffla le démon du feu. T'as vraiment une coupe gerbante.
Yusuke se releva lui aussi et essaya d'éteindre les cheveux de son ami, mais Kuwabara était totalement affolé, et il se mit à courir à travers la pièce sans regarder où il allait, cherchant désespérément une mare où plonger comme il faisait d'habitude. Yusuke le poursuivit sans réussir à le rattraper. Botan et Keiko les regardaient courir, dans l'expectative, sans savoir comment elles pouvaient les aider.
-Mais attends, espèce de crétin !
-Hyaaaa ! répondit Kuwabara en trébuchant sur un tabouret.
Kurama jeta un regard assassin à Hieï. Et voilà, il n'avait pas pu se retenir ! C'était à attendre… Pourvu que le démon du feu n'ait pas tout fichu en l'air… Celui-ci leva sur le Yohko de grands yeux innocents, et lui lança un sourire candide qui le pétrifia de surprise. Hieï… candide ? Quel comédien, ce type, mine de rien !
Avant que cet idiot de Kuwabara ait renversé quelque chose, à courir partout comme un poulet sans tête, Hieï lança négligemment une jambe en travers de sa trajectoire, et, tout aussi négligemment, il saisit le pot d'eau sur la table pour le verser sur la tête du rouquin étalé au sol, qui était en train de se frotter la mâchoire à l'endroit où elle avait rencontré le parquet. Kuwabara toussa en respirant l'eau, surpris, et se retourna vers le démon avec un air furieux.
-Espèce de sale petit nain psychotique… commença-t-il.
Kurama s'interposa vivement, certain que Hieï allait répondre violemment à cette insulte, mais la seule réponse qu'il eut fut un grand sourire innocent... Et le lâcher du pot d'eau qu'il tenait encore au-dessus de la tête du Ningen. (" shboong ! "
- Tu ne t'es pas fait mal au moins ? Je me demande vraiment comment tu as réussi à tomber de cette manière… Le pot ne t'a pas blessé ?
La réaction fut unanime.
-Hein ? !
Yusuke ouvrait la bouche pour demander au Youkaï s'il allait bien quand il entendit Shiori entrer dans la pièce, son appareil à la main.
-Oh ! Mais, que s'est-il passé ? Tu vas bien Kazuma ? demanda-t-elle en voyant les dégâts.
-Euh… Oui, oui, madame, répondit celui-ci, honteux. Je… J'ai trébuché et le pot m'est tombé sur la tête.
Tandis que Shiori immortalisait le Youkaï et son renardeau sans que celui-ci la remarque, Kuwabara se releva, jetant à Hieï un regard assassin que celui-ci ne lui rendit pas. Le démon du feu se dirigea posément vers la table et prit place à la seule chaise encore libre, à côté de Yukina. Il accepta le gâteau que lui tendait la mère de Kurama avec un petit hochement de tête en remerciement, sous les regards ébahis de l'assemblée, et commença à manger.
Kurama se gratta le crâne tout en s'installant en face de lui, perplexe. Hieï avait VRAIMENT un comportement très inhabituel.
-Tu crois qu'il est possédé ? lui chuchota Botan à l'oreille.
- Botaaann… soupira le Yohko en fixant discrètement le petit démon.
-J'dirais bien qu'il a ses ragnagnas, mais d'habitude ça énerve plus qu'autre chose… Ou alors il est malade. Oui, ça doit être ça…
Le Youkaï surprit le regard que Kurama lui lançait, et lui souffla par-dessus le gâteau :
-Ben quoi, tu voulais que j'me comporte correctement, non ?
Kurama ne put s'empêcher de cligner plusieurs fois des yeux.
Incroyable.
Hieï faisait des efforts pour se comporter correctement. Etonnant, surprenant, inconcevable, prodigieux, extraordinaire... etc. Il FAISAIT DES EFFORTS. Des efforts. Kurama, Yusuke et les autres en étaient, pardonnez-moi l'expression, sur le cul. Et ils avaient du mal à saisir le sens de la phrase. Il semblait…
Normal. Presque…Innocent.
" Non, quand même, faut pas pousser, "pensa Kurama, en le surprenant en train de lancer un regard narquois à Kuwabara avant de retourner à son gâteau.
Ils mangèrent presque en silence, chacun concentré sur l'éclaircissement de cet incroyable mystère. Mais le principal intéressé de leurs cogitations se fichait pas mal des regards dont il était la cible. Il se goinfrait de gâteau au chocolat, se constellant de miettes, comme s'il n'en avait jamais mangé de sa vie … Ce qui devait effectivement être le cas, se dit le Yohko. Le chocolat, et les mères aimantes préparatrices de gâteaux, étaient déjà une denrée fort rare dans le Makaï, alors pour un enfant abandonné comme il l'avait été… " Je me demande si c'est le premier qu'il mange. Sûrement. Qu'est-ce qu'il est kawaï avec toutes ces miettes de partout. Un vrai gosse. Ca donne une de ces envies de les essuyer…"

-Tiens, on ne lui a toujours pas trouvé un nom, à lui…
Yukina se pencha sur son frère- il lui lança un coup d'œil suspicieux et gêné- extirpa le renardeau de sa cachette en douceur, malgré ses grognements de protestation, et le déposa au milieu de la table. Il n'eut rien de plus pressé que de retourner vers Hieï, en gémissant pour que celui-ci le reprenne. Le démon du feu se contenta de passer un bras autour de la petite bête pour la tranquilliser et l'empêcher de bouger.
-Boule de Poils, proposa Botan.
-Grrnnn… ronfla le renardeau.
- Ca ne lui plaît pas, remarqua Kurama.
-Médor, lâcha Kuwabara dédaigneusement- il n'aimait pas les canidés, seulement les chats.
Hieï lui jeta un coup d'œil apparemment indifférent, et lâcha, sans avoir l'air d'y penser, le renardeau, qui traversa toute la table en se dandinant sur ses petites pattes. La main de Kuwa traînait sur la nappe…
-Gnap !
-Wouaïe ! Saloperie ! s'exclama le rouquin en dégageant tant bien que mal sa main des petites dents.
-Kazuma-san, enfin ! lui reprocha Yukina, d'une voix douce, comme d'habitude, mais en fronçant les sourcils d'un air réprobateur qui fit naître un petit sourire moqueur sur le visage de son frère.
-Kit, proposa Yusuke- une fois qu'il eut cessé de rire de la morsure qu'il avait infligée à Kuwabara.
-Hein ?
-Kitsune. Renard.
-Kit, Kitty, appelèrent les filles.
Le renardeau se mit à jouer avec une cuiller qui traînait sans s'intéresser à elles.
-Ca n'a pas l'air de l'inspirer, remarqua Kurama. Rouquin ?
- Rrrr… grogna le petit Kitsune.
-Ca lui plaît pas non plus, lâcha Hieï.
-Eh bien, trouve, toi, puisque tu as l'air de le comprendre… Remarque, entre bêtes sauvages…
-Kazuma-Kun, mon cher, lança négligemment le Youkaï en souriant- d'un sourire qu'on aurait dû photographier pour le mettre à côté du mot 'ironique' dans le dictionnaire. Je crois que tes cheveux recommencent à fumer…
-Les garçons, enfin ! s'exclama Yukina. Ca suffit… soupira-t-elle, fatiguée de leurs chamailleries incessantes. Et si on l'appelait Peluche ? Il y ressemble, non ?
Le renardeau grogna et se dirigea vivement vers Yukina, dans l'intention de faire subir à sa main le même traitement qu'à celle de son ami.
-NON ! ordonna Hieï, d'une voix forte qui l'étonna lui-même, tout en le rattrapant par la queue. On ne mord pas ! dit-il, levant un doigt, comme pour faire la morale au petit renard qui le regardait attentivement, assis sur son arrière-train.
Kurama appuya le plus doucement possible sur le déclencheur de l'appareil photo pour ne pas donner l'éveil au démon.
- C'est quoi ce bruit ?
-Rien, rien, sourit Kurama en mettant l'appareil à l'abri sur ses genoux.
Rien au monde ne lui ferait lâcher cet appareil, se jura-t-il, et surtout la pellicule qu'il renfermait. Comme il était kawaaïïïï… On aurait dit qu'il rattrapait avec son comportement de sale gosse l'enfance qu'il n'avait pas eu.
Hieï poussa un grognement, enfourna le renard dans sa salopette, et retourna à son gâteau. Il le finit en quelques secondes sous les regards ébahis des autres. Yusuke poussa un sifflement admiratif devant la contenance inattendue de l'estomac du démon du feu. Il avait abandonné sa part au bout de cinq bouchées, repu, quand aux autres, Kurama et Kuwabara s'étaient contentés d'y donner un petit coup de dents, et les filles n'y avaient même pas touché.
Le démon du feu repoussa son assiette et jeta un regard au plat, qui était malheureusement vide.
-Y en a p'us ? demanda-t-il en se léchant les doigts.
-Vous pouvez… Tu peux prendre le mien… 'Niisan, dit Yukina, butant sur les mots. Je n'y ai pas touché.
Elle avait l'habitude de les vouvoyer tous, mais comme il passait pour son frère… Elle pouvait bien l'appeler grand frère, non ?
Elle ne s'attendait pas à le voir changer de couleur aussi vite.
-Hieï-san ? Ca ne va pas ? demanda-t-elle, inquiète de sa pâleur et de son regard fixe.
- Si, si… Merci pour le gâteau, répondit-il vivement en saisissant le gâteau que lui tendait sa sœur et en le portant tout aussi vivement à sa bouche pour éviter de lui répondre.
-Vache, dit Yusuke pour changer de sujet, t'avais pas mangé depuis deux jours ou quoi ?
-Non, trois, répliqua le Koorime en lui lançant un regard méprisant.
On entendit soudain le carillon de la porte d'entrée. Kurama commençait à se lever pour aller ouvrir, se demandant qui cela pouvait être, mais sa mère, de la cuisine, lui cria qu'elle s'en chargeait. Il retourna à ses invités.
Il proposa un pansement à Kuwabara, qui s'occupait de sa main percée de deux petits trous, poussant des jurons dans sa barbe, et jetant des regards agressifs au Jaganshi qu'il semblait tenir responsable des actes du renardeau. " Mais c'est vrai qu'il l'est un peu. Il avait très bien compris qu'il voulait le mordre… On dirait qu'il le comprend. Amusant"
Botan sirotait tranquillement son verre, sans rien dire pour une fois car elle se méfiait de sa propension au bavardage inconsidéré et ne voulait pas risquer de faire exploser la situation quelque peu " à risques ".
Keiko observait pensivement une reproduction de tableau suspendue au mur, qui figurait une jungle verdoyante envahissant une ville, tout en essayant de reconstituant les morceaux de ce qu'elle avait appris sur les " épisodes " qu'elle avait loupés.
Yukina, quand à elle, réfléchissait sur les réactions pour le moins bizarres de Hieï. Il y avait quelque chose de pas normal dans sa manière de se comporter, quelque chose qui lui mettait la puce à l'oreille, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il avait donné le nom de sa race à elle pour son nom de famille, il avait eu l'air gêné que Shiori la croie sa sœur… Il avait eu l'air surpris qu'elle l'appelle grand frère… Non, pas surpris. Stupéfait, gêné, choqué, et même atrocement mal à l'aise. Il était gentil avec elle, plus qu'avec les autres…
Yusuke mordit courageusement dans sa part, ne voulant pas laisser croire à Shiori qu'elle cuisinait mal. Les filles pouvaient prétendre qu'elles faisaient un régime, pas lui, se rappela-t-il pour s'encourager.
- C'est bon, Yusuke ? demanda Koemma, qui était adossé nonchalamment au cadre de la porte juste derrière lui.
-Waaaaah !!! hurla Yusuke en faisant un bond sur sa chaise, postillonnant des miettes de gâteaux jusque sur Kuwabara qui était assis en face de lui. Mais c'est pas vrai, tu le fais exprès ? Tu veux me faire mourir d'une crise cardiaque ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous là d'abord ?
(Le hurlement fit perdre à Yukina le fil de ses pensées juste comme elle était sur le point d'arriver à une conclusion.)
- Koemma -sama ! s'exclama Botan. Mais…
Elle se bâillonna vivement sous le regard plein de menaces du Yohko.
- Il m'a dit qu'il faisait partie de tes amis, Shuichi… déclara Shiori.
-Euh, oui, c'est exact… Vous… Tu as pu te libérer finalement ? Prends donc une part de gâteau…
-Comment t'appelles-tu ? Koemma ?
-Euh… Oui, madame, c'est ça.
-Koemma- SAMA ? demanda-t-elle, en insistant bien sur le Sama.
- C'est une vieille blague entre nous, Kaasan, intervint Kurama en épongeant discrètement une sueur froide, parce que son nom veut dire Fils d'Emma, et le fils du Juge des Morts mérite bien d'être appelé seigneur !
-Oh, je vois… Amusant ! Assieds-toi, je vais ramener du gâteau.
Koemma s'assit à la table, et la mère de Kurama les laissa pour retourner à la cuisine. Il jeta un coup d'œil prudent par-dessus son épaule pour se rendre compte s'il pouvait être entendu, puis se tourna vers la petite bande.
-Koemma, râla Yusuke à voix basse, on avait dit pas de missions aujourd'hui… C'est l'anniversaire de Kurama !
-Je sais, je suis désolé, mais... C'est une mission très rapide, elle ne nécessite qu'un seul d'entre vous… Et absolument pas dangereuse. C'est juste un petit problème à régler en vitesse, mais on ne peut pas agir dans le Ningenkaï directement, c'est tout. Et puis je suis très pressé. Et comme c'était dans le quartier…
-Tu vas finir de tourner autour du pot et nous dire ce que c'est ? demanda Yusuke en se balançant sur sa chaise.
-Voilà… Kurama, ça te concerne un peu. Vous savez (ou vous ne savez pas) que les Yohko, les Esprits du Renard, ont tous été avant leur transformation des renards tout à fait normaux. Chaque renard naît avec un potentiel plus ou moins grand pour devenir un Yohko, c'est tout. Il y a peu est né un renard qui a un potentiel extrêmement grand. Pour comparer, disons qu'à l'âge adulte et en pleine possession de ses pouvoirs, il surpassera Kurama. (" ooops " fut la réaction de tout le monde) Evidemment, nous ne pouvons laisser se développer un tel monstre sur Terre. Dans le Makaï, ce ne serait pas un problème…
-Tu veux qu'on aille l'attraper et le lâcher dans le Makaï ?
-Non… De toute façons il est trop jeune pour survivre seul. Le problème, c'est que les projections du carnet d'Emma prédisaient pratiquement toutes qu'il devait se faire dévorer par un chien aujourd'hui, après que sa mère ait été écrasée par un camion. Mais on n'a retrouvé que le cadavre de la mère et celui du chien, coupé en deux comme par un sabr… Qu'est-ce qu'il y a?
Les regards de toutes les personnes s'étaient fixées lentement sur Hieï. Il abandonna sa part de gâteau, et leur renvoya un regard furibond.
-Pour une fois, Koemma, tu auras eu raison en parlant de mission rapide, déclara Yusuke. Hieï ?
-Quoi ? demanda-t-il d'un ton rogue.
Il fit du regard le tour de l'assemblée, et, avec un soupir agacé, il renonça à prétendre ne pas comprendre ce qu'on attendait de lui, extirpa de sa salopette le petit renardeau qui s'était rendormi, et le déposa devant lui. La boule de poils s'étira en bâillant, découvrant ses petites dents-aiguilles d'une manière qui fit frémir Kuwabara.
-NANI ? ! s'exclama Koemma en manquant tomber de sa chaise. Alors c'est TOI qui as modifié le destin ? !
-Ben quoi ? Ce clebs avait vraiment une trop sale gueule, se justifia Hieï, son ton bourru et agressif lui servant d'écran pour masquer sa gêne.
Koemma se redressa et se rassit correctement, tirant sur son écharpe d'un air gêné. Il était Dieu, d'accord, mais le Jaganshi avait un de ces regards... Brr !
- Je comprends, je comprends… déclara-t-il d'un ton pensif, le menton dans sa main. Cet événement était tellement improbable qu'il n'avait même pas été pris en compte…
-Pfffr… pouffa Kuwabara dans sa main.
Hieï lui jeta un regard mauvais, agacé que la remarque en apparence si sérieuse de Koemma fasse naître des gloussements étouffés chez tout le monde. Son innocence et sa ressemblance avec un petit garçon avaient entièrement disparu avec le retour de sa maussaderie, même si la salopette était un cadre inattendu pour une telle concentration de mauvaise humeur, se dit Yusuke, avant de se mordre la main pour contenir son rire- il ne tenait pas à finir en brochette.
-Et alors ? demanda-t-il. On en fait quoi ?
- J'ai bien peur qu'il n'y ait qu'une seule solution… D'abord, sa mère est morte, et puis il deviendra vite dangereux…
La proposition de Koemma souleva un tollé chez les filles… Et chez Hieï.
Il n'aimait pas spécialement les animaux, en fait, il s'en fichait, comme de tout mis à part la bagarre. Mais ce renardeau… Il lui faisait confiance. Il venait vers lui quand il avait peur. La boule de poils avait besoin de lui, elle se mettait délibérément sous sa protection à lui; et c'était une situation qu'il n'avait jamais connue qu'une seule fois avant. D'une manière ou d'une autre, ça lui rappelait la première mission qu'il avait effectuée avec Yusuke, quand celui-ci avait remis le sort de toute l'équipe entre ses mains. Le porche de la Trahison. Et sa réaction était la même à présent. Il ne pouvait pas, il n'était absolument pas capable de trahir une confiance si absolue.
Il laissa tomber toute trace de sa réserve habituelle, se releva vivement, repoussant sa chaise, et se pencha en avant vers Koemma.
-Kurama peut s'en occuper, il a dit, clama le Koorime, et puis il s'y connaît en Yohko, il saura l'élever !
Koemma le regarda fixement, stupéfait de l'intervention de la dernière personne qu'il se serait attendu à voir parler, et se décida à répondre.
-Hieï… Je ne sais pas pourquoi tu tiens à cette bestiole, mais… Sans une excellente raison, je ne peux pas le laisser vivre.
Hieï chercha désespérément un argument raisonnable, mais eut du mal à trouver- en effet, il avait rarement l'habitude de régler ça par des mots quand quelqu'un lui disait quelque chose qui ne lui plaisait pas. Soudain, une idée lui vint.
- S'il est élevé depuis tout petit pour être Reikaitantei… Tu as dit qu'il sera plus puissant que Kurama. Tu crois pas que ce serait vachement pratique un monstre aussi balèze du côté du Royaume ?
-Là, j'avoue que tu marques un point…
-Et tu pourras le surveiller tout au long de sa croissance pour vérifier qu'il ne devient pas cinglé ou kek'chose comme ça.
-Ce serait comme un apprenti détective, c'est ça ? Hm…
Yusuke réussit à sortir de sa stupeur pour renchérir.
-Oh, allez, ça serait cool ! On lui apprendrait toutes nos techniques et tout…
-Et puis si on s'occupe bien de lui depuis tout petit, renchérit Keiko, il ne risque pas de devenir mal élevé et de finir voyou… Enfin, à condition que Yusuke ne se mêle pas trop de son éducation. ("méheu!!"
-Oui, et puis… intervint Yukina, sa voix douce, comme toujours, mais résolue. Il est hors de question de s'abaisser à tuer un petit bébé comme lui. On ne peut pas faire ça. S'il a une enfance heureuse, ce n'est pas comme s'il est livré à lui-même, il ne risquera pas de devenir bagarreur (" hem ", soupira Hieï ), voleur (" ips "), ou violent et agressif (" ergl ! "), ou grossier et mal élevé( " hiii… "), ou…
Kurama se rendait compte que Hieï clignait des yeux et poussait un petit hoquet à chaque nouveau qualificatif, les mots de Yukina le touchant en plein dans le mille. Et le fait que ce jugement vienne de la seule personne dont l'avis avait de l'importance à ses yeux le mettait encore plus mal à l'aise. Le démon du feu déglutit convulsivement, gêné, puis se ressaisit et fixa Koemma dans les yeux.
-Il aura une dette envers le Royaume qui l'a laissé vivre, il sera lié par cela. Même s'il le veut, il ne vous désobéira pas.
-Bon, c'est d'accord, céda Koemma, ne voulant pas discuter plus avec le Youkaï qui, il devait se l'avouer, l'effrayait quelque peu maintenant qu'il se mettait à contester les ordres. Kurama, tu peux le garder jusqu'à ce qu'il atteigne sa forme de Yohko, ensuite, on avisera. Quel branle-bas pour une boule de poils…
Keiko regarda la fille des glaces, et elles eurent un regard complice. Avant que les garçons aient eu le temps de réagir, Keiko avait attrapé le renardeau par la peau du cou, l'arrachant à la poigne de Hieï, et elle le passa à Yukina, qui le déposa innocemment sur les genoux du fils du Juge des Morts.
Koemma cligna des yeux, surpris, et considéra, surpris, le bébé qui geignait, effrayé par son brutal déplacement. Il le retint par réflexe quand il commença à glisser de ses genoux, et le petit renardeau le regarda. Ses yeux étaient brun clair aux reflets cuivrés.
Les filles avaient raison, il était si mignon! Koemma avança une main hésitante et se mit à le gratouiller derrière les oreilles. Le renardeau poussa un petit gémissement de plaisir et se serra contre le ventre du garçon, essayant de se faire un nid dans ses vêtements.
-Tu vois Koemma, il est trop adorable pour qu'on lui fasse du mal…
- Moui… grommela l'intéressé, se reprochant d'avoir été si visiblement touché par la petite bête- Botan allait le raconter à tout le monde en enfer, et sa réputation naissante serait définitivement foutue.
- Il est… Mignon…
Il baissa la tête, encore attendri malgré lui par la manière qu'avait la boule de poils de réclamer de l'affection- échappant par là même au regard meurtrier du Koorime, jaloux. Pourquoi la boule de poils ne le mordait pas, comme les autres? Bon, ça ne pouvait qu'arranger ses affaires, de s'insinuer dans les bonnes grâces de Koemma-Sama, mais… Ca l'ennuyait un peu, quand même… C'était SON renard, à lui!
Koemma ne s'occupait pas de tout ça, mais seulement de la balle de fourrure rousse sur ses genoux. Il était mignon… Et puis il avait l'air intelligent, et affectueux… Et il était si doux à caresser, si chaud… Si… Humide?
Pris d'un doute affreux, le jeune dieu souleva lentement le renardeau, le faisant glapir de surprise.
[edittide]Message édité le 04-04

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soussoulovedm
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soussoulovedm
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   Posté le 04-04-2007 à 14:20:58   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

C'était bien ce qu'il avait craint.
La charmante, adorable petite bête, si tendre, si affectueuse, venait de lui pisser dessus.
-Espèèèèce de…
Les amis les fixèrent, horrifiés. Koemma était vraiment contrarié, ça allait mal finir pour la pauvre bête!!!
Soudain, le renardeau lui fut ôté des mains, avant qu'il ait pu le punir comme il en avait l'intention.
-Vilaine bête! le gronda Hieï en le tenant suspendu par la peau du cou. T'es dégoûtant, c'est pas bien!
Il lui donna une tape sur les fesses et le déposa dans un large pot de fleurs. Kurama soupira. Bah, ça les fertiliserait.
Le chiot geignit, repentant, puis se mit à farfouiller dans la terre du pot, mettant à nu les racines et envoyant du terreau sur la moquette, histoire de se creuser un trou convenable pour y faire sa grosse commission.
Koemma, pris de court, cligna deux ou trois fois des yeux avant de se calmer un peu. Sa réaction avait été un peu disproportionnée… Ce n'était qu'un bébé.
-Kurama, tu ferais bien de donner des vêtements propres à Koemma, déclara Hieï sans tourner la tête, surveillant de près la boule de poils.
-Euh, oui, bien sûr! Koemma, suis-moi…
-Mmm… acquiesça l'intéressé.
Seuls dans l'escalier, ils n'échangèrent qu'un regard surpris devant la manière dont Hieï prenait les choses en main quand sa boule de poils était impliquée, avant de retourner à leurs cogitations personnelles sur la cause de cet attachement inattendu.

Habillé de propre, le fils du Juge des Morts prit congé de ses amis et de la mère de Kurama, et voulut partir.
-Mais tu viens juste d'arriver…protesta la mère.
-Oui, mais j'ai du travail à finir…
-Oh, très bien. Mais tu prendras bien une part de gâteau, ne serait-ce que pour la manger sur le chemin…
Koemma fixa la part de gâteau qu'elle lui tendait, puis finit, poussé par le regard mais-si-tu-as-très-faim de Kurama, par la prendre d'une main hésitante.
-Je vous remercie, madame, dit-il en s'inclinant devant elle.
Kurama, regardant par la vitre, s'aperçut que Koemma, une fois dans le jardin, mordait prudemment dans le gâteau, puis, l'ayant apparemment trouvé à son goût, se mettait à le dévorer à belles dents. " On aurait dû lui demander de rester, " pensa-t-il. " S'il aime, il aurait pu finir nos parts… Kaasan va encore s'inquiéter pendant je sais pas combien de temps en croyant qu'elle a raté sa recette. Elle ne comprend pas que son problème, ce n'est pas la qualité mais la quantité… "
Koemma parti, tout le monde se tourna vers le démon du feu. Ils avaient fait front commun avec lui tant qu'il y avait eu urgence pour sauver cette boule de poils que tout le monde avait adoptée, mais à présent que le danger était écarté, leur stupéfaction devant ses actes refaisait surface.
Le Youkaï baissa les yeux sur la boule de poils qui couinait dans ses bras, et souffla, apparemment perdu dans ses pensées mais assez fort pour être entendu de tous :
- Mais si c'est moi qui t'élèves, c'est à moi que tu devras quelque chose, pas au Royaume…
-Ah, je vois ! Tu t'es débrouillé pour qu'il reste libre ! s'exclama Yusuke. Pas bête ! C'est vrai, il n'a rien promis lui-même !
Hieï lui lança un petit sourire moqueur en coin, et se tourna vers Kurama. Il lui jeta un regard embarrassé avant de baisser les yeux, feignant d'être fabuleusement absorbé par la manière dont ses lacets arrivaient à se croiser sans jamais se tromper de trou pour ressortir.
-Désolé de te le mettre sur les bras, Kurama…
Le Yohko lui lança un regard accompagné d'un doux sourire. Il était si adorable quand il avait l'air gêné… Et c'était bien la première fois de sa vie qu'il l'entendait s'excuser… Au moins, s'excuser en croyant à ce qu'il disait.
-Oh, c'est pas gra…
-Je m'en occuperai, continua le Koorime, sa gêne le rendant volubile. Après tout, c'est moi qui l'ai trouvé, c'est moi qui ai insisté pour le garder, et...
-On y tient tous, ici, Hieï, le coupa Yusuke. On aime tous bien cette boule de poils(" oui ben pas moi " " Tais-toi Kuwabara "), et on va s'en occuper ensemble, OK ? (" oui ben sans moi " " TAIS-TOI KUWABARA ! ").Tu ne t'en chargeras pas seul (" oui ben sans moi " " vlan!! " " AÏE ! " " joli coup, Botan " " merci, Keiko, j'ai copié ta technique "). Et puis tu voudrais le mettre où ? Quand tu dormiras sur tes arbres, tu ne pourras pas le mettre indéfiniment dans tes vêtements.
-Et les renards ne sont pas doués pour l'escalade, crois-moi sur parole, intervint Kurama. Laisse-le moi tant qu'il ressemble encore à un renardeau banal, il sera bien ici. Tu me fais confiance, non ?
-Hnn… souffla le démon du feu. OK, je te le laisse… Après tout, c'est ton cadeau d'anniversaire, sourit-il.
Un très petit sourire, mais un sourire quand même. Un vrai sourire, pas une grimace moqueuse ou un prélude à un éclat de rire cruel, pas quelque chose plein de crocs. Un sourire… légèrement ironique, il était vrai, mais…
- Clic, fit l'appareil photo.
-Kurama, qu'est-ce que c'est que ce truc ? demanda le Koorime d'un air soupçonneux. Ca fait plusieurs fois que tu me braques avec…
-Non, c'est rien !
- T'as l'air trop sincère pour être honnête… Donne-moi ça ! ordonna-t-il en déposant le renardeau sur la table et en s'avançant lentement vers lui.
- Ah, non alors ! Pas question !
- Donne, je t'ai dit !
Sous les rires de la bande, Hieï se mit à pourchasser Kurama tout autour de la pièce, essayant de lui arracher l'appareil que le Yohko serrait désespérément contre son cœur.
-Donne !
-Jamais ! Yusuke, au secours ! cria un Kurama essoufflé et riant, en se réfugiant derrière le Mazoku.
Yusuke s'interposa, explosé de rire. Hieï s'immobilisa face à lui, mais avant de décider de ce qu'il allait faire (contourner Yusuke ou l'envoyer embrasser le mur- de qui se mêlait-il, d'abord? Il avait bien le droit de trucider un peu Kurama, quand même!!) il fut interrompu par un glapissement de détresse.
-Aaah ! Botan, le tiens pas comme ça ! Sa patte, abrutie !s'exclama-t-il avant de se précipiter sur elle pour lui arracher le renardeau, qu'il serra contre lui d'un air possessif.
Botan cligna des yeux, à mi-chemin entre la peur et la surprise. Elle avait été sûre que le Youkaï allait la frapper… Il était si possessif envers la boule de poils, on aurait dit une mère renard défendant son petit, pensa-t-elle…
Elle dut se mordre la joue pour ne pas exploser de rire en se représentant le démon du feu à quatre pattes, avec des oreilles pointues, une queue touffue, en train de lécher le renardeau pour faire sa toilette.
-Et il a toujours pas de nom, remarqua Keiko. D'ailleurs, on ne sait même pas si c'est un mâle ou une femelle…
Aussi sec, Hieï saisit la boule de poils par la peau du cou et la retourna sur le dos.
- Mâle. Un renard rouge… Un nom pour un Yohko rouge… marmonna Hieï, absorbé dans ses pensées. C'est la pleine lune ce soir, non ? Akatsuki.
-Hein ?
-Lune Rouge. T'en penses quoi Aka-chan ?
-Yip ! aboya l'intéressé en remuant la queue.
-Ca a l'air de lui plaire! s'exclama Yusuke. Tant mieux ! C'est pas pour dire, mais il est plutôt difficile, celui-là ! Ouais, AkaTsuki, ça a de la classe…
-Yip ! confirma Aka-chan en léchant vigoureusement la figure du démon du feu.
-Aah ! Arrête, t'es dégoûtant ! s'exclama le Youkaï en tentant de se détourner.
Ce faisant son regard tomba sur l'autre Yohko.
-Eh, Kurama, je rêve ou tu t'es encore servi de ton machin ?

Vers les sept heures et demie, les invités de Kurama se décidèrent à partir. Il fallait bien rentrer, et se décider à terminer ce qui avait été, en fin de compte, un excellent moment. Yusuke se leva le premier.
-Il faut que j'y aille, sinon mon ivrogne de mère va siffler toute la réserve de saké sans m'en laisser une goutte… Ouille, Keiko ! Arrête ou je te raccompagne pas !
Hieï ébouriffa une dernière fois les oreilles d'Aka-chan et le déposa dans les bras de Kurama, puis se dirigea résolument vers la porte. Mais il avait tout juste passé l'entrée du vestibule qu'un hurlement perçant le faisait se retourner.
AkaTsuki se tortillait désespérément dans les bras du Yohko debout à côté de sa mère, pleurant et gémissant d'un ton à faire pitié à un ogre affamé.
-Iiii Iiiii Iiii…
-Silence, Aka-chan ! T'es pas si petit ! s'exclama Hieï en faisant mine de repartir.
-Aouououh ! !
-Tu le fais exprès, c'est ça ? Tu veux me donner mauvaise conscience? Ca ne marche pas !
- Wououououh ! Wouf wouaououh ! ! !
-Grr… OK, donne-le moi, grogna Hieï en faisant demi-tour.
- J'ai l'impression qu'il ne veut pas te laisser partir, Hieï, pouffa Yusuke. Tu vas être obligé de rester le temps qu'il s'habitue à Shuichi…
-Oh oui, ça serait une bonne idée… Tu crois que tu peux, Hieï ? demanda Kurama.
-Ben…
-Je préviendrai maman, dit Yukina en lui lançant un clin d'œil complice. Tu peux bien rester quelque temps, grand frère.
-Euh… D'accord, toussa Hieï en baissant les yeux, pris de court par la proposition. Ca vous dérange pas, Shiori- san ?
-Oh, non, pas le moins du monde ! Tu dormiras dans la chambre de Shuichi- Kun.
-Euh… dit encore le petit Youkaï en regardant fixement le Yohko.
-Ben quoi, t'as peur de moi ? lui chuchota-t-il à l'oreille.
-Pas du tout !
Le groupe se dirigea vers le vestibule, après avoir pris congé de la mère de Kurama. Celui-ci les raccompagna jusqu'à l'entrée. Yusuke et Keiko furent les premiers à sortir, suivis de Botan. Kuwabara suivit, accompagné de Yukina. Hieï, le renardeau sous le bras comme un paquet, resta à côté de Kurama dans l'embrasure.
Yukina stoppa en plein milieu de l'allée, dit à Kuwabara qu'elle avait oublié une chose, et se dirigea vers la porte d'entrée qui n'était pas entièrement refermée.
- Shuichi-San, attendez ! J'ai oublié quelque chose de très important !
-Vraiment ? demanda Kurama en rouvrant la porte pour laisser le passage à la fille des glaces.
Pourtant, il était sûr que personne n'avait rien laissé derrière lui…
Elle se glissa à l'intérieur, avança vivement vers le démon du feu, et, avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, elle l'avait attrapé par le cou et lui avait laissé un gros baiser sur la joue.
-Bonne nuit grand frère…
Elle était partie depuis trente secondes déjà quand Kurama vit la main de Hieï se lever lentement jusqu'à son visage et frôler l'endroit qu'elle avait embrassé.
-Bonne nuit petite sœur…
soussoulovedm
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   Posté le 04-04-2007 à 14:22:53   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

Série: Yuyu Hakusho
Auteur: Asuka
Titre: Cauchemars
(suite de L'anniversaire de Kurama)
Genre: sérieux (allusion à des sévices ;___
On m'a réclamé une suite à "l'anniversaire de Kurama", voilà une suite! Je sais pas si c'est ça que vous aviez en tête les filles, mais bon. Ce fan fic fait donc comme je viens de le dire, mais vous suivez ou pas, suite à " l'anniversaire de Kurama", mais il est beaucoup plus sombre, légèrement (trébôcoup) Yaoï, et donc… Avis aux âmes sensibles, l'enfance que j'ai inventée à Hieï dans cette histoire ne sort que de mon esprit pervers et sadique, chacun a le droit à sa propre version ( perso, j'aime bôcoup la version d'Utopian Trunks qui m'a énormément inspirée…) Bon, sinon, le blabla habituel, les persos sont pas à moi et je gagne pas de fric dessus, et patati et patata...
Dédié à Ephy et Kineko ^____________^


Cauchemars

Restés seuls après le départ des invités, Kurama fixa longtemps Hieï. Il ne bougeait toujours pas, serrant sans y prendre garde Aka-chan contre lui. Le renardeau finit par lancer un piaillement de protestation.
-Hieï… dit tranquillement Kurama.
-Hn?
-Tu vas l'étouffer.
Le Jaganshi sembla sortir d'un rêve. Il lança un regard confus à la boule de poils, et relâcha vivement son étreinte, tout en essayant de recomposer son expression pour retrouver le masque froid et impersonnel qu'il arborait d'habitude. Kurama sourit, un sourire doux et amusé ; il se fichait pas mal de ce que Hieï remette ce 'masque'-- maintenant, il savait ce qu'il y avait derrière. Le Koorime n'était peut-être pas irrémédiablement froid et distant, finalement…
-Bon, on retourne au salon ? Mon beau-père et mon frère ne vont pas tarder à rentrer, on va passer à table. Tu as encore faim pour un vrai repas ?
-M-m ! acquiesça le petit démon, l'air parfaitement sûr de ce qu'il avançait- un vrai puits sans fond, à croire qu'il faisait des réserves pour l'hiver.
Il commença à suivre Kurama vers le salon, mais stoppa juste avant de passer la porte, et retint le Yohko par la manche.
-Kurama… Tu crois qu'elle a vraiment compris ? demanda-t-il d'un ton préoccupé.
- J'ai bien peur que oui, soupira le Kitsune sans lui demander de qui il parlait - de sa sœur, bien évidemment. Ce n'est pas plus mal, tu sais… Comme ça, elle est au courant sans que tu aies trahi ta promesse de te taire à ce sujet. Et elle n'a pas l'air de t'en vouloir, tu as de la chance !
-Hmmmm…
Ils n'étaient pas arrivés dans le salon que la porte s'ouvrait à la volée derrière eux.
-Eh, grand frère !
- C'est maintenant que tu rentres, Shu-chan ? demanda Kurama d'un ton faussement sévère. Où étais-tu encore ?
Shuiichi junior avait les yeux qui brillaient d'excitation. Avec de grands mouvements des bras, il se mit en devoir d'expliquer à son frère ce qu'il avait fait de son temps.
- A la galerie, j'essayais le nouveau SoulKalibur. Il est génial, vraiment ! J'ai jamais joué à un jeu de baston aussi cool ! C'est bête, j'ai pas assez d'argent pour me l'acheter… Bah, tant pis, de toute façon, il est pas marrant quand on ne joue pas à deux.
-Est-ce que ce serait une demande déguisée de participation financière ? demanda Kurama en riant, mains sur les hanches.
-Ben… Un ch'tit peu ? rit Shu-chan avant de se rendre compte du poids de deux yeux rouges. Tiens, c'est qui ce type ? demanda-t-il en fixait Hieï.
- C'est un de mes amis, il dort à la maison ce soir. Hieï, je te présente Shuichi-chan, mon petit frère.
-Eh, salut ! s'exclama Shu-chan en lui tendant la main.
Hieï la fixa quelques secondes sans savoir ce qu'on attendait de lui. Heureusement, au moment où la situation devenait gênante, Aka-chan décida qu'il en avait assez d'être porté. Il se mit à gigoter dans les bras du démon, et celui-ci, trop content de la diversion, le posa au sol.
-Eh, c'est quoi cette boule de poils ? Il est à toi ?
-A demi, répondit Kurama. Il ne peut pas le garder, alors il me le laisse. C'est un cadeau d'anniversaire…
-Tu veux dire qu'on va le garder quelques jours ou…
-Non, définitivement, je pense.
Shu-chan s'accroupit devant la boule de poils et la renversa au sol d'une main, puis il se mit à lui tirailler les oreilles et à lui secouer le museau.
-Eh, fiche-lui la paix ! s'exclama Hieï, inquiet pour sa boule de poils.
-Oh, ça va, je jouais… Marrant, ce p'tit bestiau ! Il est baptisé ?
-AkaTsuki. Mais on l'appelle Aka-chan.
-Ca lui va bien, y a pas à dire, s'esclaffa Shu-chan. (NDLA : Aka-chan signifie bébé.) Mais c'est quoi comme race ? J'm'y connais pas mal en chiens, mais un comme ça, j'ai jamais vu…
Mince, la tuile.
-Oh, c'est un bâtard quelconque, je pense…sourit Kurama en agitant la main d'un air indifférent. Allez, à ton tour de mettre la table!!
-Mais, je l'ai déjà mise hier midi… protesta le garçon.
-Et moi hier soir et ce midi. Ca te fait deux tours de suite. Allez, au boulot!!
Hieï suivait apparemment la conversation d'une oreille, mais en fait, il était plutôt intéressé. C'était bizarre, les rapports entre eux deux… Des disputes amicales, des joutes verbales, voilà qui n'était pas habituel pour lui… Il ne se disputait jamais pour rire. Ou pas de cette manière… Plutôt de la manière où seul le vainqueur rit encore… La plupart du temps parce que l'autre, de toute façon, ne peut plus.
Il regarda Shu-chan mettre la table avec l'intérêt d'un entomologiste devant une espèce rare d'insecte aux mœurs inconnues. Tous ces petits rituels de la vie entre humains le fascinaient… Il n'y comprenait rien. Il se demanda si c'était parce qu'ils étaient humains ou parce qu'il n'avait jamais su comment on se comportait en famille.

Après le repas, Kurama et son frère passèrent par le rituel du bisou de bonne nuit.
- Mes fils chéris… soupira Shiori d'un ton heureux en serrant contre elle les deux Shuichi.
Hieï leur jeta un coup d'œil en coin, puis détourna les yeux, feignant d'être fabuleusement absorbé par le mur d'en face. Shiori s'aperçut de sa réaction, et, desserrant légèrement son étreinte, elle se tourna vers lui.
- Eh bien, Hieï- kun, ça ne va pas? Tu es bien timide…
-Moi, timide?! s'exclama le Koorime. Pas du tout!
- Pourquoi tournes-tu la tête comme ça alors? Tu n'es guère plus vieux que Shu-chan, et même Shu-kun aime encore ça, malgré son âge soi-disant avancé, pas vrai Shuiichi-kun? demanda-t-elle à Kurama. Il n'y a pas d'âge pour la tendresse…Ta mère n'a pas l'habitude de te faire des câlins de temps en temps?
Hieï se crispa, et Kurama pensa qu'il allait sortir une injure, ou se refermer comme une huître- il était très fort pour ça, à croire qu'il avait été un coquillage dans une vie antérieure. Et sa mère ne comprendrait pas sa réaction. Elle ne pouvait pas savoir, elle ne connaissait pas le caractère extraordinairement renfermé du Koorime, et encore moins le lieu et les circonstances de son enfance.
Shiori relâcha ses fils et avança lentement vers le garçon qui leur tournait le dos.
- Tu ne m'as pas répondu, dit-elle d'une voix très douce en passant ses bras autour des épaules du petit brun.
Elle l'attira dans ses bras, et se pencha sur lui, affectueuse. Kurama ne put que la fixer, stupéfait. Il allait se décider à faire quelque chose, un geste, un signe pour que sa mère comprenne que le sujet était tabou - mais Hieï le prit de vitesse- et par surprise.
- Elle est morte peu après ma naissance.
La femme le tenait prisonnier dans ses bras, mais il sentait qu'elle ne lui voulait aucun mal. De toute façon, elle était cent fois trop faible pour présenter le moindre risque… Et Hieï comprenait à présent pourquoi Kurama tenait tant à elle. Elle avait un cœur d'or. Si gentille, si douce…
Shiori poussa un petit cri de désarroi et mit une main devant sa bouche.
-Oh, mon dieu, je suis désolée, je ne savais pas… toutes mes condoléances.
-Bah! répliqua le Koorime, haussant les épaules. Je ne l'ai pas connue. Elle ne me manque pas.
-… Tu ne sais rien d'elle…?
- Je sais son nom, c'est tout. … Hina…
Comment aurait-elle pu me manquer, je n'ai jamais su ce que c'était. C'est ça, alors, une mère? Quelqu'un de doux, qui vous fait des gâteaux, des câlins, qui sent quand vous allez mal? Qui s'occupe de vous?
C'est ça, l'amour maternel?
Il secoua la tête, tentant de se débarrasser de cette vague de faiblesse qui l'envahissait, profitant d'un point faible dont il ne s'était jamais rendu compte de l'existence.
Mais ce n'est pas MA mère. Je n'ai pas de mère. C'est celle de Kurama. Et je sais pourquoi il y tient… Je parie que dans le Makaï, celle du Yohko n'était pas comme ça.Ca doit être si rare…
- Je… N'ai pas l'habitude qu'on me touche. Excusez-moi, Shiori-san, mais j'aime pas ça.
-Oh… Comme tu veux, déclara Shiori en relâchant son étreinte. Mais tu rates quelque chose, tu sais… C'est agréable les câlins…
Hieï s'écarta sans rien dire. Mais pas sans rien penser. Il avait l'impression que son cerveau était en ébullition. Oui, c'était vrai, pas désagréable du tout, en fait…Mais pas quelque chose pour lui. Les "câlins", c'était pour les enfants humains en mal d'affection, pas les démons du feu.
Un moment, il regretta de ne pas être un humain.

Pendant que Shiori allait souhaiter bonne nuit à Shu-chan et que Kurama installait le matelas de rechange dans sa chambre, Hiei était allé quelques minutes dans le jardin pour promener le renardeau. Il faisait froid dehors, et noir. Les lumières des autres maisons laissaient passer de vagues rais de clarté dans l'obscurité. Ca avait l'air confortable, et douillet, de l'extérieur. C'était la vision qu'il avait toujours connu. Maintenant il savait que ce n'était pas juste une impression. Comment pourrait-il supporter d'y retourner ? Dans ce froid, cette obscurité, cette solitude… Il regretta d'avoir laissé Yukina le convaincre de venir. Ca avait été une erreur.
Dès qu'AkaTsuki eut fini, il le repêcha vivement par la peau du cou et se dirigea vers l'étage, essayant d'oublier les pensées moroses qui lui trottaient dans la tête. La mère de Kurama sortait de la chambre de son fils adoptif avec des couvertures sur le bras.
-Bonne nuit, Shu-chan, dit encore Shiori en fermant la porte de la chambre du garçon derrière elle.
Hieï rentra dans la chambre de Kurama à la suite de Shiori. Elle déposa les couvertures sur le matelas que Kurama avait sorti de sous son lit, les arrangea, puis se tourna vers son fils et son ami.
- C'est bon, je pense que vous vous débrouillerez seuls, non ? lâcha-t-elle avec un doux sourire qui faisait ressortir les rides au coin de ses yeux. Ne vous couchez pas trop tard !
Elle sortit, les laissant seuls.
Kurama lança un regard au démon du feu. Il était debout près du lit. Il déposa lentement le renardeau endormi dans son carton, puis alla à la fenêtre et l'ouvrit en grand, avant de se laisser tomber sur le bord du matelas. Kurama protesta en sentant le vent glacial s'infiltrer dans la chambre et rafraîchir d'un seul coup l'atmosphère.
-Hieï, ça va pas? Ferme ça, on gèle! s'exclama-t-il en se dirigeant vers la fenêtre.
Mais il avait à peine commencé à la refermer que le démon de feu s'était relevé d'un bond et lui avait arraché le battant des mains.
-Laisse ça comme ça! gronda-t-il.
-Mais enfin, Hieï, on va être congelés! Il fait sept degrés dehors!
-Hier il faisait encore plus froid et je suis toujours en vie, grommela Hieï.
Imbécile de renard. Il ne se souvenait jamais que Hieï n'avait pas, lui, une maison douillette où se réfugier quand il avait un peu froid… Ni une mère qui lui faisait à manger, se dit-il.
Il secoua la tête pour chasser cette pensée importune dont il ne savait pas d'où elle venait.
Il n'avait pas besoin d'une mère. Il s'en était très bien passé pendant quatre-vingt ans. Kurama était juste en train de s'affaiblir à prendre ses petites habitudes, il avait bien besoin de refaire un tour dans le Makaï pour se rappeler la vraie dureté de la vie. Il allait avoir une sacrée surprise, le jour où il devrait se débrouiller seul!
-Hieï, je vais attraper un rhume…
Hieï le regarda fixement, puis éclata d'un rire agressif et froid.
-Yohko Kurama effrayé à l'idée d'attraper un rhume! C'en ferait rire pas mal dans le Makaï!
Le Koorime traîna le matelas sous la fenêtre, puis s'assit dessus, adossé au mur.
Kurama soupira. Une fois que Hieï avait décidé une chose, il était impossible de le faire changer d'avis. Mais il ne comprenait pas du tout en quoi cela le dérangeait de ne pas avoir froid. Il craignait d'avoir trop chaud? Passablement bizarre pour un démon du feu…
Il éteignit l'ampoule du plafond, ne laissant allumée que la lampe de chevet, puis se dirigea vers la penderie, sortit son pyjama, et commença à se déshabiller en vitesse, frissonnant malgré lui sous la morsure du vent sur sa peau tiédie.

Hieï avait fermé les yeux, mais il les rouvrit en entendant un son métallique.
"Ah, ce n'est rien," se dit-il, "seulement le portemanteau sur la barre de fer dans l'armoire"
Mais que faisait Kurama? Il se déshabillait... Il avait la peau si pâle, si fine, on voyait qu'il ne vivait pas à la dure… Aucune cicatrice, aucune marque sur cette peau de bébé. Mais quand même, il était musclé, mine de rien, sous son apparente minceur. On le voyait bien mieux avec cette lumière tamisée, qui mettait en relief le moindre…
Mais quelle importance? Pourquoi se préoccuper de la manière dont était bâti Kurama? C'était son problème, pas le sien.
Il referma les yeux.

Kurama finit de mettre son pyjama, et se retourna vers le Koorime. Il semblait s'être endormi assis, immobile, et donnait l'impression d'être tout à fait indifférent à la présence de Kurama, comme s'il avait été un caillou ou quelque chose comme ça.
Le Yohko soupira, et se dépêcha de plonger sous sa couette, frigorifié. C'était bien du Youkaï de se ficher du bien-être des autres. C'était vrai, Hieï vivait à la dure d'habitude, mais en quoi cela pouvait-il lui faire du mal, de dormir au chaud une seule fois? Il ne s'était même pas allongé sur le matelas, remarqua-t-il. Il semblait vouloir passer la nuit dans cette position pour le moins inconfortable.
-Tu ne t'allonges pas, Hieï?
Hieï ne lui répondit même pas, se contentant de le dévisager de son regard comme-si-tu-ne-le-voyais-pas-toi-même-espèce-de-baka ™.
-Tu serais mieux, insista Kurama.
-Je suis très bien comme ça.
-Personne ne va t'attaquer cette nuit, tu sais.
-Non, justement, je sais pas, cingla le Jaganshi.
Kurama soupira et éteignit la lampe de chevet, les plongeant dans l'obscurité.

Hieï aurait préféré mourir que le dire à Kurama, mais il se sentait incroyablement vulnérable sans son sabre à proximité. Il avait l'impression d'être sans aucune défense… Bon, d'accord, il avait toujours la magie, mais c'était une habitude qu'il avait prise de dormir la main sur la garde de son arme, et il ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il savait très bien qu'il y avait une probabilité très faible qu'ils soient attaqués, mais quand même… C'était pour ça qu'il avait tellement insisté pour garder la fenêtre ouverte: il ne supportait pas d'être enfermé, sans une voie de repli.
"Mais si tu étais attaqué," lui fit remarquer une petite voix, "tu pourrais bien passer sans problèmes à travers la vitre, ce serait pareil -tu pourrais même passer à travers le mur si tu le voulais vraiment".
Il remarqua que Kurama frissonnait, si fort que même à travers la couverture, il le voyait. "Bon, peut-être que je peux fermer cette fenêtre, en fin de compte", se dit-il, hésitant.
"Mais alors, je serai prisonnier."
Tant pis pour la fenêtre, Kurama s'habituerait bien. Au pire, il n'avait qu'à prendre une autre couverture. Quelle idée d'être aussi douillet! Espèce de mauviette!
Il se rencogna contre le mur et tenta de s'endormir. Il n'y avait pas de danger, chez Kurama. Pas de danger du tout.
Pas du tout.

Hieï finit par s'endormir.
Il rêvait rarement, mais ne s'en portait pas plus mal - ses rêves méritaient moins souvent ce nom que celui de cauchemars. Même si ce qu'il voyait dans son sommeil n'était pas dû à une imagination débordante, non -c'étaient seulement des souvenirs. Et encore, des souvenirs considérablement flous, imprécis, incomplets, et sous lesquels il se réveillait immanquablement avant la partie la plus désagréable. Une chance.
En fait, les rêves les plus doux de Hieï auraient fait se réveiller en hurlant n'importe quelle personne normalement constituée.
Mais après tout, il avait l'habitude. Il n'était pas une mauviette.

Il tombait. De haut. De très haut. De si haut qu'il en venait à douter de toucher terre un jour. Mais ça, c'était un commentaire d'"après". A ce moment, il ne savait pas qu'il était censé y avoir une terre quelque part. Il ne savait pas qu'il ne tomberait pas toujours. Il cria, un vagissement de nouveau-né --son cri lui fut arraché de la bouche et emporté par le vent, si vite qu'il en douta avoir réellement produit un son. Le seul son, c'était celui du vent sifflant dans ses oreilles. Il n'y avait rien, mis à part le vide, son couffin et la pierre dont il tenait la cordelette dans son petit poing de bébé, d'une poigne de fer dont sont seuls capables les nouveau-nés. D'habitude, quand il rêvait de sa chute- son plus lointain souvenir avec Rui et les Koorime- il lui suffisait de resserrer son poing autour du manche de son sabre. Et en constatant que ce n'était pas la cordelette qu'il serrait, il se souvenait que ce n'était qu'un morceau mort de son passé, et il se réveillait. Mais cette fois, il continua la chute. Jusqu'au bout. Jusqu'à "l'atterrissage".
La douleur le frappe, l'envahit. Il n'a jamais ressenti ça de toute sa courte vie de quelques heures à peine, pas même quand on l'a arraché au ventre de sa mère, et à cette autre présence- sa sœur - mais il sent instinctivement que même après des années, il ne ressentira pas une douleur comparable. Le Hieï qui rêve ce souvenir le sait, lui- jamais. Il se raidit, hurle, un cri déchirant qui ne devrait pas pouvoir être produit par un corps aussi frêle- la douleur le prend, le submerge, le frappe, le laissant pantelant - puis tout devient rouge, puis noir. Il ne sait pas qu'il n'a dû sa survie qu'à la présence d'un arbre feuillu qui a amorti sa chute et d'un buisson qui l'a recueilli. A ce moment-là, il ne sait même pas qu'il est encore en vie.
C'est la faim qui le réveille, une faim dévorante, qui lui déchire les entrailles, et, conjuguée avec la pulsation de douleur sous son crâne, le fait hurler. Un cri perçant de bébé. Il aurait mieux fait de se taire- rien de tout cela ne serait arrivé. Peut-être n'aurait-il pas survécu jusqu'à ce jour, si personne ne l'avait trouvé- mais aurait-ce été un mal?
Hieï s'agita convulsivement dans son sommeil, et glissa le long du mur jusqu'à se retrouver recroquevillé dans le coin. Il se roula en boule par réflexe. Kurama le regarda, tiré de son assoupissement par le mouvement inattendu du Youkaï. Le Yohko s'était emmitouflé dans la couverture jusqu'aux oreilles pour lutter contre le froid, ne laissant dépasser qu'un bout de sa figure. Il se dégagea légèrement pour mieux voir le démon du feu.
Hieï tremblait, remarqua-t-il, légèrement incrédule. Est-ce qu'il avait froid, finalement? Quoique un démon du feu ne pouvait pas vraiment avoir froid… Pourtant, il était roulé en boule comme s'il avait essayé de ressembler à un porc-épic.
Kurama se leva, enroulé dans sa couette, et se dirigea vers lui. Il s'arrêta au bord du matelas pour le regarder quelque secondes, puis s'agenouilla et se pencha vers le visage de son ami, essayant de distinguer ses traits. Il se crispa inconsciemment sous la surprise de découvrir une expression qu'il n'avait jamais vue avant sur ses traits, et qu'il n'avait jamais cru voir un jour tant il avait fini par être persuadé que Hieï était d'une dureté et d'une solidité à toute épreuve.
De la peur. De la terreur même. Une terreur impuissante d'enfant livré à des horreurs qu'il est trop petit pour affronter et ne peut que subir, totalement désarmé.

Il avait grandi sans se rappeler trop comment- il avait été retrouvé et nourri par une vieille femme qui lui avait donné des morceaux de viande- encore heureux que les Youkaï naissent avec leurs crocs. Il s'était fait un abri sous le plancher de sa maison, là où elle ne pouvait pas atteindre. Elle s'était occupée de lui comme on s'occupe d'un animal sauvage qui rôde dans le coin, lui donnant à manger quand elle y pensait, quand elle en avait envie. La plupart du temps, elle oubliait totalement son existence.
Et encore heureux, d'ailleurs. Elle était complètement folle. Des fois, elle le prenait pour quelque chose qu'on pouvait placer dans la catégorie d'un chien de garde, c'est-à-dire un animal utile et obéissant, des fois pour un loup, un prédateur dangereux devant être chassé. Il n'arrivait jamais à savoir à quoi s'attendre avec elle. Elle pouvait le gratter distraitement sur le haut du crâne et l'instant d'après le chasser à coups de bâtons. Ou lui mitonner un bon petit plat- qu'elle avait assaisonné avec des graines empoisonnées. Et elle riait comme la folle qu'elle était quand il se tordait sur le sol, en proie à des douleurs qui lui ravageaient le ventre, puis se mettait à le soigner en pleurant, soucieuse de son sort- comme une petite fille qui s'inquiète pour une poupée à laquelle elle vient de faire avoir un accident pour jouer.
Un jour elle était morte -il ne s'était jamais demandé pourquoi, il ne s'était pas attaché à elle. Sans doute de vieillesse. Il était resté aux alentours de sa cabane quelque temps, puis l'odeur du cadavre en décomposition l'avait fait fuir.
Comme un animal.
Comme un animal il avait survécu quelque temps, grappillant tout ce qu'il pouvait là où il le pouvait, se nourrissant de tout ce qui ne courait pas assez vite, volant leurs œufs aux oiseaux, leurs repas aux voyageurs de la forêt. Voler les Youkaïs qui traversaient les bois, c'était dangereux, très dangereux; mais c'était devenu son seul moyen de survie. La faim qui l'accompagnait toujours ne l'aidait pas vraiment à réfléchir sur la folie de dépouiller des monstres qui se montraient assez cinglés ou assez puissants pour traverser cette forêt si sinistre sans crainte, folie d'autant plus grave qu'il savait que certains d'entre eux n'auraient pas de scrupules à faire du voleur de nourriture un autre repas.
Seulement, l'instinct de survie chevillé à son corps le lui disait très bien: s'il volait les Youkaï, il mourrait peut-être; s'il comptait sur les ressources qu'un gamin comme lui pouvait trouver seul, il mourrait sûrement.
Un soir, la fatigue était trop grande, et le Youkaï plus observant que d'autres; il se fit apercevoir avant même d'arriver à l'orée de la clairière. Il se figea, ses grands yeux rouges retenant et réfléchissant les lueurs du feu devant lequel les deux hommes étaient assis. Il s'apprêtait à repartir à toute allure, mais les deux voyageurs ne semblaient pas surpris de le voir, ni agressifs d'une quelconque manière. Le plus grand et le plus massif d'entre eux sourit même, brièvement, et le petit garçon dut retenir un frisson; il avait d'épais crocs jaunes, comme un fauve, et une épaisse fourrure roux sale. Puis avec un clin d'œil encourageant, il saisit un bout de la viande qui cuisait et dont l'odeur l'avait attiré pour la lui présenter.
Tous ses instincts lui hurlaient de s'enfuir, vite, mais une petite part de lui, l'enfant fragile qu'il aurait pu être, lui souffla son besoin d'aide et de protection. Sa fatigue et sa faim firent le reste.
Il s'avança prudemment, sur ses gardes, et tendit la main pour attraper le bout de viande qu'on lui montrait, essayant de faire vite avant que le donateur ne décide de changer d'avis. Il se raidit de tout son corps comme il n'était plus qu'à quelques pas du bandit, qui le fixait en souriant légèrement. Mais on n'aurait pas dit que ce sourire était agressif… amusé plutôt. Le petit garçon fit le dernier pas, celui qui le séparait de la nourriture, tendu comme un arc, et se prépara à saisir la viande à pleine main et à ficher le camp le plus vite qu'il le pouvait. On ne savait jamais, même si le type n'avait pas l'air méchant…
Fallait croire qu'il cachait bien son jeu.
Le petit démon du feu, au cours d'années de chapardage, avait appris à ne compter que sur sa vitesse, qui était le seul avantage réel qu'il possédait, et pour cette raison, il faisait tout pour la travailler- mais il fallait bien convenir que ce n'était pas toujours suffisant. Il glapit de surprise en sentant la grosse main du Youkaï se saisir de son bras avant même d'avoir eu le temps de le voir bouger.
"Alors, petit voleur… C'est toi qui nous chaparde nos collets depuis quelques jours? Tu vas regretter ça…"
Quelle idiotie d'avoir cru que ce type ait pu vouloir lui donner quelque chose. Il l'avait appâté pour le faire tomber dans un piège, c'était tout, comme il avait vu faire avec des oiseaux. Et comme un imbécile, il avait donné dans le panneau. Il s'en souviendrait, tiens, de ne faire confiance à personne!!
… S'il survivait.
Il avait déjà montré des facultés incroyables pour ce qui était d'encaisser les coups- encore heureux pour lui. Et la torture qu'il subit ce soir-là n'était rien, se rappelait-il en serrant les dents pour ne pas risquer de se mordre la langue sous la souffrance, elle n'était rien en comparaison de ce souvenir, quand il était tombé du ciel... Le ciel, il se concentrait sur le ciel. Ne pas penser à la souffrance. Ne pas penser à mes côtes qui se brisent, au sang que je crache. La douleur n'est rien. Ne pas laisser à ce type la satisfaction de m'entendre crier. Ne pas bouger, pour ne pas l'exciter encore davantage contre moi. Faire le mort. Je suis mort. Les morts ne souffrent pas.
-Ca suffit, Fert, déclara nonchalamment la voix du compagnon de voyage du type. Espèce de sadique, il est mort maintenant, si avec ça tu l'as pas tué! Ca ne sert à rien de s'acharner sur un cadavre…
-Pas sûr… On dirait qu'il respire encore, répondit le dénommé Fert en lançant dans le ventre du Koorime un coup de pied qui l'envoya voler à travers la clairière et frapper de plein fouet un tronc d'arbre à une dizaine de mètres.
Le petit Koorime ouvrit un œil englué de sang en constatant qu'il était à présent à une dizaine de mètres de son tortionnaire, et tenta désespérément de courir, de marcher, de se traîner vers l'abri des buissons. Il ne put que se ramper sur quelques dizaines de centimètres dans l'herbe haute avant que la douleur ne le frappe à la poitrine. Il cracha du sang, et son esprit devint blanc. Un coin de sa mémoire devait encore être conscient, cependant, car cette fois il rêva même de ce qui s'était passé après.
-Tiens, t'avais raison… Il est encore en vie.
-Plus pour longtemps, gronda le Youkaï aux mains en battoirs.
Le maigre Youkaï pâle aux cheveux noirs le stoppa d'un mouvement insistant de la main, amusé par la ténacité du petit.
-Non, minute! Il est vraiment résistant… Tu lui as filé des coups qui auraient pu tuer un adulte, et lui…
-Ce sale petit voleur… gronda Fert comme le fauve qu'il était.
L'homme à la peau blanche sourit, un sourire sinueux et déplaisant.
-Et nous, on est quoi? demanda-t-il. Laisse-le, je le garde.
Il s'avança vers le petit, pas à pas, lentement, lui tourna autour comme un requin prêt à fondre sur sa proie.
-Tu vas voir, je vais le dresser, il sera bien utile.
-Le dresser? Comment tu vas faire ça? Je lui ai fichu une raclée à le tuer net et il a pas poussé un cri, admit le fauve avec un haussement d'épaules.
-Oh, il y a d'autres moyens, tu sais… sourit le youkaï au teint maladif. La douleur n'est pas seulement physique… Elle peut être mentale… Suffit de savoir trouver le point faible… Y en a toujours un.
Fert éclata d'un rire tonitruant qui cachait mal une touche de malaise. Des fois, même lui avait peur de son compagnon de route.
-Et tu dis que je suis sadique…
Physiquement, il avait l'équivalent de trois ans. Mais les youkaïs s'en moquaient bien. Assez grand pour voler, assez grand pour en supporter les conséquences…
Kurama le vit tressaillir et trembler encore, et il se demanda s'il n'était pas malade. Mais il ne le semblait pas. Est-ce qu'il devait le réveiller?
-Hieï? appela-t-il, hésitant encore.

-Bravo, petite ombre… Pas trop mal, déclara Jyujin -le type qui s'était "occupé" de lui, celui qui ressemblait à un squelette ambulant qui ne se serait pas encore aperçu de sa mort.
Il recompta les pièces qui se trouvaient dans la bourse que le petit Koorime avait chapardée, puis lui fit un petit signe de tête pour l'autoriser à prendre une part du repas. Le jeune garçon se dépêcha d'enfourner sa petite part avant que l'autre change d'avis- ça lui arrivait souvent, et il avait appris très vite que le seul endroit où sa nourriture ne pouvait lui être arrachée, c'était dans son estomac.
Il n'était pas nourri très souvent, seulement quand il rapportait quelque chose d'intéressant aux voleurs. Heureusement, il ne se débrouillait pas si mal -personne ne se méfiait d'un bambin aussi petit, même s'il était un tout petit plus âgé qu'il ne le semblait- la malnutrition n'avait guère favorisé sa croissance.
Mais en mangeant, il n'avait pas pris garde au fait qu'il était à portée de mains de Fert. Celui-ci le saisit par les cheveux et essaya de lui flanquer un coup de pied. Un tiers par chance, un tiers par sa vitesse à esquiver et un tiers parce que l'autre était bourré, il le rata. Le Youkaï vit là sa chance et le mordit là où il le pouvait pour se dégager de la poigne qui menaçait de lui arracher la peau du crâne. Fert le lâcha en poussant un glapissement de douleur et une bordée de jurons, et le petit Koorime tenta de s'enfuir.
Il n'avait pas fait trois pas que Jyujin lançait sur lui sa cape, comme un filet. Il se sentit enveloppé, prisonnier. Il se débattit, mais il n'y avait pas d'issue.
-Vilain petit garçon…
Jyujin noua la cape autour de lui comme un sac, puis la donna avec son contenu gigotant à l'autre Youkaï.
Après tout, il pouvait être frappé aussi bien à travers le sac, ce n'était pas ça qui le protégerait… même si ça l'empêcherait d'esquiver.
Douleur.
Après la raclée, le Youkaï le jeta sans autre forme de procès dans la cave de la maison abandonnée qui servait de refuge à la bande de voleurs. Comme d'habitude.
Le noir complet, même pour sa vue nocturne assez développée.
Le noir, le froid, l'obscurité- mais pas le silence. Tout autour de lui, des glapissements de rats, des fourmillements d'insectes, des gouttes d'eau qui suintent- et par-dessus tout, le craquement des planches moisies du plafond au-dessus de sa tête. C'est un fait reconnu, et largement discuté chez les voleurs, que la bâtisse délabrée ne tient plus debout que par on ne sait quel miracle, et que ses planches sont tellement rongées par les vers qu'on peut même, par endroits, voir à travers. Un jour, bientôt, elle s'écroulera.
Et ça peut très bien arriver pendant qu'il est enfermé à la cave.
Tiens, ce craquement, là, n'était-il pas bien plus fort que les autres? N'est-ce pas le bruit annonciateur de l'effondrement?
Dans le noir, il écarquille les yeux. L'obscurité ne se dissipe pas- elle semble passer par ses blessures, entrer dans son cœur. L'envahir. Elle se resserre autour de lui, comme si elle était vivante. Elle est vivante. Elle veut le dévorer. Les murs se sont rapprochés, il en est sûr. Les ombres sont encore plus denses. Elles se pressent autour de lui, affamées. Il étouffe, il n'en peut plus.
-LAISSEZ-MOI SORTIIIR!!! hurle-t-il, à s'en arracher la gorge, mais il ne s'attend pas à ce qu'on obtempère. Il n'est même pas sûr qu'on l'entende. Si ça se trouve, ils ont complètement oublié son existence.
Dans l'obscurité absolue, les minutes deviennent des heures, les heures, des jours entiers.
Y a-t-il réellement eu autre chose que les ténèbres?
-Laissez-moi sortir…
Kurama se pencha sur le matelas et ramena sur Hieï la couverture que sa mère lui avait donnée, mais qu'il ne s'était même pas donné la peine de déplier. Il le recouvrit lentement, le borda avec tendresse, faisant tout son possible pour ne pas le déranger.
"Voilà, il ne prendra pas froid", pensa-t-il, avant de frissonner sous le petit vent glacé qui descendait de la fenêtre ouverte. Hieï ne risquait pas grand-chose, mais lui… "Après tout, maintenant, il dort. Ca ne le dérangera pas…"
Kurama se releva, enjamba précautionneusement le démon du feu, et ferma les volets, puis la fenêtre. Voilà, plus de courant d'air. "J'espère que ça va se réchauffer vite fait…"
Hieï commença à s'agiter, remuant la tête d'un côté puis de l'autre, et à marmonner des syllabes incompréhensibles, et Kurama se pencha sur lui, inquiet. Il savait que Hieï avait tendance à parler dans son sommeil quand il était stressé- c'était comme ça qu'il avait entendu pour la première fois le nom de Yukina, d'ailleurs, parce que le Youkaï était si préoccupé de son sort que même inconscient il avait réussi à l'appeler. Mais là, il ne savait pas ce qui pouvait inquiéter son ami.
-Non… Sortir…ssez-moi sortir… Le noir…
Il faisait un cauchemar. Il fallait le réveiller. Kurama posa ses mains sur les épaules du Koorime et le secoua doucement.
-Hieï… Hieï, réveille-toi, tout va bien!

Le Youkaï avait fini par s'endormir- ou par perdre conscience? Il ne savait pas, c'était la même obscurité. Dorénavant, elle ne le quittait plus- une part de son âme. A chaque fois qu'il se réveillait dans les ténèbres, c'était pareil- il ne savait plus ce qu'il faisait là, pourquoi il avait été puni, il mélangeait tout, il n'arrivait plus à savoir si c'était la première fois ou la centième qu'il se retrouvait ici. Mais non, ce n'était pas parce qu'il s'était rebellé qu'il se retrouvait là- ça, ça s'était passé longtemps auparavant, quand il était encore un bambin haut comme trois pommes. Il avait trente ans à présent, ça faisait vingt ans qu'il vivait chez les voleurs- vingt ans qu'il se retrouvait régulièrement dans la cave. Trente ans- au début de l'adolescence. C'était parce qu'il avait raté son coup et qu'il avait donné l'éveil aux gardes sans le vouloir, pas parce qu'il avait désobéi délibérément- ça, il ne le faisait plus, plus depuis la fois où il avait mordu l'autre. Où on l'avait laissé dans les ténèbres pendant sept jours, sans eau ni nourriture, forcé de boire à la flaque qui suintait et de chasser les rats. D'ailleurs, ils avaient été fort surpris, en se souvenant de son existence, de le retrouver en vie.
Le souvenir des terreurs passées était dur à supporter, mais plus facile à encaisser que le présent. Il était au bord de la folie. Et de temps en temps, il réussissait à s'en rendre compte.
La porte s'ouvrit, le coupant dans sa dérive au long de ses pensées. Elle était située en haut des escaliers délabrés, et donnait dans une petite pièce sans fenêtres- il voyait un peu mieux, mais guère plus que de vagues ombres encore plus sombres que les ténèbres qui l'entouraient. Ce qui l'avait "réveillé" n'était pas réellement un changement de luminosité, mais plutôt le bruit de la porte et la sensation que quelqu'un approchait- il était très doué pour sentir le moindre mouvement d'énergie aux alentours -mais il n'avait pas le choix, se laisser surprendre n'était pas la meilleure des choses à faire dans son monde.
Quelqu'un descendait les escaliers. Il distinguait vaguement une silhouette. Puis la porte se referma… C'était nouveau. D'habitude, il était enfermé seul, jamais personne ne descendait à la cave. D'une certaine manière, se rendit-il compte, il avait plus peur d'être enfermé avec quelqu'un que seul- quand il était seul, il était sûr qu'il ne devrait affronter que ses propres terreurs. Il reconnut soudain l'énergie, au moment où le Youkaï s'arrêtait en face de lui.
Jyujin.
Son pire cauchemar.
Il tenta de se glisser le plus silencieusement possible le long du mur pour le contourner et s'écarter de lui, mais le démon suivit le mouvement, comme s'il le voyait aussi bien qu'en plein jour. Lui, il ne pouvait le repérer qu'à l'oreille et c'était excessivement stressant. Il tenta de s'écarter de l'emplacement qu'avait occupé son maître la dernière fois qu'il était arrivé à le localiser exactement, se traînant sur les coudes vers l'autre mur, essayant de s'écarter du coin où il s'était roulé en boule avant de s'évanouir. Ne pas se laisser coincer, surtout pas.
Un pas crissa sur le sol humide, derrière lui, puis un autre, plus proche- il le suivait, mais comment?! Le Koorime accéléra le mouvement le plus silencieusement possible, couvert d'une sueur froide.
Un troisième pas, puis un autre, puis une brève course dans sa direction. Il ne s'était pas redressé entièrement qu'il sentit une main osseuse se refermer sur sa nuque. Il se débattit instinctivement deux ou trois secondes avant de se souvenir que Jyujin avait horreur de ça et que ça ne servait à rien qu'à le rendre encore plus sadique.
Les mains griffues étaient glacées.
- Vilain petit garçon… On s'en va quand son maître arrive? Pas bien du tout, ça…
Le plaisir malsain qu'il y avait dans la voix sifflante le fit frissonner.
-Comment… souffla le petit Youkaï en tremblant. Comment vous…?
Le grand Youkaï éclata d'un rire mauvais.
-Je suis ton maître, non? Je peux tout faire, je sais tout de toi…
Le jeune Koorime le croyait. Après tout, c'était lui qui avait fait de lui ce qu'il était, lui qui l'avait façonné.
-Tu ne pourras jamais m'échapper. Tu es à moi, scanda le Youkaï en le secouant violemment à chaque mot, sans changer son ton doucereux. Alors n'essaye plus jamais de t'enfuir devant moi, est-ce que c'est compris?
-Je… hoqueta le Koorime, près de pleurer de pure terreur. Pardon… Pardon!
- C'était très vilain de ta part, petit… Très vilain. Je ne sais pas comment je pourrai te pardonner.
Les griffes se plantèrent dans sa nuque, pas très profondément, mais suffisamment pour lui faire comprendre que ce n'était qu'un avertissement.
-Comment vas-tu faire pour te faire pardonner? Mis à part en te tenant bien sage, pour une fois?
Et soudain, l'autre main se glissa sous sa tunique. Sur son ventre nu, sans défense. Les griffes coururent sur sa peau fine, pas assez appuyées pour percer la peau, non, juste assez pour le faire frissonner. Et un rire froid et pernicieux résonna sous la voûte humide.
-Tu commences à grandir, toi… remarqua distraitement Jyujin. Je me demandais si tu resterais un bébé toute ta vie, mais… On dirait bien que tu te muscles…
La voix le fait frissonner encore plus. Elle a un ton qu'il ne lui a jamais entendu avant; un ton qui, soudain, l'effraie encore plus que la cave. Elle a quelque chose de visqueux, de sale, de répugnant, comme une limace gluante. Elle porte une menace terrible…
Jyujin le soulève, le jette sur l'escalier. Le choc de sa poitrine sur les marches lui coupe le souffle. Avant d'avoir pu se relever, il est cloué au sol par les mains de son maître.
-Non, non! Laissez-moi! NON!!!
-Hieï, réveil-
"Huff!!" souffla Kurama en se prenant en pleine poitrine un coup de pied à lui défoncer les côtes.
Il fut projeté contre le coin de son lit, qu'il heurta de plein fouet, tenta désespérément de reprendre son souffle, ne serait-ce que pour crier sa douleur totalement inattendue. Il glissa au sol, une main sur la poitrine, l'autre appuyée sur le lit, et ouvrit les yeux sur le démon du feu en face de lui.
-Non! criait-t-il, les yeux écarquillés, en se terrant contre le mur comme un animal traqué.
Il se débarrassa de la couverture à coups de pieds affolés, et se recula encore plus dans le coin. Kurama le regarda fixement, sans comprendre ce qui lui prenait. Le Koorime se mettait à tourner la tête de tous côtés, cherchant désespérément une issue du regard - mais la pièce était close; et si sombre…Prisonnier.
-Non, pas ça, laissez-moi! hoqueta-t-il d'une toute petite voix de petit garçon.
Le Yohko cligna des yeux, stupéfait. Mais que lui arrivait-il? Il avait l'air terrorisé, et si impuissant… Mais qu'est-ce qui l'avait effrayé comme ça? se demanda-t-il, sans comprendre. Le fait que Kurama le prenne par les épaules ou quoi? Peut-être le fait qu'il soit entré dans son espace vital sans son consentement, pendant son sommeil… Mais il aurait plutôt pensé que dans ce cas-là, Hieï se ferait un plaisir de lui apprendre à respecter les distances de sécurité - c'était ce qui s'était passé, certes, mais…
-Hieï, c'est moi, c'est Kurama, déclara doucement le Kitsune en frottant sa poitrine douloureuse. Je suis désolé, je ne voulais pas t'approcher comme ça, mais j'avais trop froid… Tu m'entends?
Hieï se redressa à quatre pattes, et entreprit de s'écarter de Kurama sans lui tourner le dos, ses yeux affolés cherchant toujours une issue.
"Il ne m'a pas reconnu", se rendit-il compte. "Mais pourquoi avoir si peur? Même sans son sabre, il a toujours les flammes…"
-Laissez-moi partir! J'veux sortir d'ici!
Sa voix avait des accents hystériques, et elle sonnait complètement terrorisée.
"Il me vouvoie… Ce n'est pas à moi, Kurama, qu'il parle. Il me confond avec quelqu'un, quelqu'un qui lui fout les jetons. Je ne vois pas qui le pourrait, mis à part peut-être quelqu'un qui résisterait au Kokuryuha… "
-Hieï, calme-toi, répéta le Yohko d'une voix apaisante. Tu ne me reconnais pas? C'est moi, Kurama, on est amis, tu te souviens? Du calme, je rouvre la fenêtre, OK?
Il se leva lentement pour se diriger vers la fenêtre, et l'ouvrit encore plus lentement, puis repoussa les volets. La lumière de la lune qui entrait par la fenêtre sembla calmer le démon du feu. Il se rassit, tremblant, contre le mur, et resserra ses bras autour de ses genoux, puis commença à se bercer mécaniquement, les yeux dans le vague. Un rêve, un rêve, seulement un rêve…
Kurama s'accroupit à trois mètres de lui, ne voulant pas l'approcher à ce moment où il commençait tout juste à se calmer.
-Hieï? finit-il par dire au bout de quelques instants. Je suis désolé, je voulais simplement fermer la fenêtre, et je me suis penché sur toi pour voir si tu n'allais pas bien, on aurait dit que tu avais un cauchemar…
-J't'avais dit de pas fermer cette fenêtre, répliqua vivement le démon du feu, tentant de regagner son self-control.
-Désolé… Je me disais que puisque tu dormais, ça ne te ferait rien… Je ne savais pas que tu étais claustrophobe.
-Que quoi? demanda le démon en fronçant un sourcil, essayant désespérément de penser à autre chose pour chasser le moindre souvenir de ce rêve- de ce cauchemar - de ce souvenir - mais il tremblait toujours, d'une manière inextinguible, et son cœur ne voulait pas se calmer- il sentait trop bien sur lui ces mains…
-Que tu ne supportais pas d'être enfermé, expliqua Kurama, confus du comportement de son ami. Je pensais que si tu te mettais toujours sur la fenêtre quand on était à l'intérieur, c'était parce que tu voulais pouvoir ficher le camp si on t'embêtait trop, et…
Il commençait à babiller, il le sentait. Et le Koorime ne l'écoutait plus.
-Hieï, ça va, tu es sûr?
-Hieï… Oui, c'est mon nom.
Kurama cligna des yeux, stupéfait, ne comprenant pas ce que voulait dire le Koorime.
-Evidemment que c'est ton nom! Tu veux dire que tu en as eu d'autres?
-Je veux dire qu'il y a eu une époque où je n'en avais pas, souffla le petit démon du feu, toujours recroquevillé dans son coin.
Il ouvrit encore la bouche, comme pour continuer à se confier, et Kurama attendit impatiemment -c'était si rare que Hieï parle de lui; il ne savait rien de son histoire avant leur rencontre, sauf la part racontée par Yukina- à savoir son "expulsion" du château des glaces. Mais le Koorime sembla se raviser au dernier moment. Il cligna des yeux et étouffa tant bien que mal un tremblement, et referma la bouche.
-Qui t'a baptisé, alors? demanda Kurama après quelques secondes d'attente où il finit par se rendre compte que Hieï n'avait pas l'intention de continuer seul.
-Moi, lâcha le Jaganshi après quelques secondes. Tout seul.
-Pour quelle raison as-tu choisi ce nom-là plutôt qu'un autre? lui demanda Kurama, curieux.
- 'Ombre' et 'voler', répondit simplement Hieï, comme si ça expliquait tout.
-Je ne comprends pas, dit le Kitsune en fronçant un sourcil, perplexe.
-Tu connais quelque chose qui me décrit mieux? C'est ce que je suis.
Kurama réfléchit quelques instants sur ce qu'il avait appris sur son ami- il avait moins appris par les paroles elles-mêmes que par la manière dont elles avaient été dites, et par ses réactions. Quelque chose l'avait complètement traumatisé, mais quoi exactement?- Kurama savait bien qu'il n'avait pas eu une enfance rose, un enfant abandonné dans le Makaï, il ne fallait pas croire aux fées non plus… Mais il avait pensé que Hieï l'avait plus ou moins surmonté, vu comme il était toujours si fort, de corps et d'esprit.
Seulement, si ça avait été le cas, il n'aurait pas réagi ainsi. Bizarre, la mention de son nom avait semblé le calmer. Mais le Kitsune ne savait plus quoi faire. Le laisser se calmer entièrement, refermer son cœur, ou le mettre le nez sur ses peurs pour obtenir des explications? La deuxième solution serait cruelle, mais… Il fallait le forcer à crever l'abcès. S'il arrivait à regagner son self-control, il se renfermerait encore en lui-même, et Kurama perdrait la moindre chance de réussir à pénétrer ses défenses. La forteresse que Hieï s'était construite pour s'abriter des autres était excessivement solide- même si elle était bâtie sur un terrain miné.
- Ombre… déclara lentement le renard, d'un ton délibérément étudié pour toucher au vif. C'est plutôt étrange, pour quelqu'un qui ne supporte pas le noir… Pourquoi?
- Ca ne te regarde pas! cria le Koorime. Va te faire voir!
Kurama s'inquiéta de ce qu'il réveille ses parents, et dressa vivement une barrière sonique autour de la chambre. Au moins il avait touché juste… Il insista.
-Pourquoi l'ombre?
- … Elle fait partie de moi…
-En tant que quoi?
Pas de réponse, seulement un frisson; puis il resserra ses bras autour de ses genoux et ferma les yeux. Sa plus grande peur? se demanda-t-il.
Il ne savait pas à quel point il tombait juste. L'ombre, dans mon âme, qui m'envahit, me remplit de sa noirceur, de son vide… Je ne suis qu'une ombre parmi les ombres, je ne suis presque rien. Je le me vois plus… est-ce que j'existe vraiment encore? Ou est-ce que je rêve seulement d'être vivant?
-Et voler? C'est bien le sens de l'oiseau, pas celui du voleur, non?
Pas de réponse non plus. Une peur, ça aussi? Hieï se définissait-il vraiment uniquement par rapport à ses craintes?
Cette fois-ci, ce n'était pas tout à fait exact. Hieï enviait les oiseaux, il voulait lui aussi pouvoir voler, s'envoler loin de tout, loin de la terre…S'enfuir…Mais d'un autre côté, il en avait peur. Il savait que le vol est toujours suivi de l'atterrissage.
Sa chute…
"Essayons une autre approche." se dit Kurama quand il vit que celle-là ne donnait rien.
-De quoi tu rêvais?
-De rien, répliqua sèchement le Jaganshi.
" Aïe! Il commence à se ressaisir. Il faut que je me dépêche sinon il va encore se claquemurer dans sa tour d'ivoire et je perdrai la moindre chance d'avoir jamais accès à lui."
Il rassembla toute sa force pour le saisir brusquement aux épaules et le plaquer sous lui.
La réaction de Hieï fut bien celle qu'il prévoyait. Un cri de terreur et de faibles velléités de résistance étouffées par sa panique- mais ça ne servirait à rien, seulement à se faire punir encore plus…Le maître ne voulait pas qu'il esquive ses tortures, il voulait qu'il les subisse gentiment, qu'il accepte la punition…
- De rien, vraiment? demanda Kurama d'un ton glacé, pour une fois laissant transparaître l'expression glaciale du Yohko sur ses traits humains. Tu as peur de RIEN?
C'était la seule solution, profiter de ce qu'il était encore déstabilisé… Même si c'était cruel.
Le Koorime le fixait avec de grands yeux terrorisés. Il y avait même des larmes qui commençaient à apparaître… Oh, non, Kurama n'avait pas l'intention de lui faire si mal!
Kurama se pencha sur le démon, le redressa en luttant doucement contre sa crispation, l'attira sur ses genoux et se mit à le bercer en lui chuchotant de petits mots d'apaisement.
-Non, non! soufflait le Youkaï en tentant vaguement de lui faire lâcher prise- mais il ne devait pas, pas résister, ce serait pire après- Oh seigneur, et dire qu'il avait cru un moment que c'était à jamais terminé! Fallait-il qu'il soit naïf!
-Calme, calme, Hieï… Je ne vais pas te faire de mal, je te le jure… C'est juste que ça m'agace que tu gardes tous tes problèmes pour toi… N'aie pas peur, je te jure que je ne te veux pas de mal…
Hieï tremblait comme une feuille, crispé comme un malade du tétanos dans les bras de Kurama. Il ouvrait toujours ses yeux immenses, fixés sur le vide, comme s'il essayait au maximum de ne pas cligner les paupières pour ne pas faire couler les larmes qui s'y amassaient. Pas pleurer, Jyujin ne le supporte pas.
"IL" leva une main vers son visage, et le petit garçon se crispa- voilà, il pleurait, il allait être puni
- mais la main ne le frappa pas
- elle ne le frappa pas - au contraire,
elle essuya doucement une larme brûlante qui avait réussi à s'échapper et roulait sur sa joue, presque cristallisée déjà.

-Lâche-moi, finit-il par demander d'une voix étranglée- ce n'était pas Jyujin, c'était Kurama. Kurama. Kurama ne l'avait jamais menacé.
- Non, pas tant que je ne comprendrai pas, répliqua le renard d'une voix douce mais très ferme. Raconte, je t'en prie… Je peux comprendre…
-Non, tu ne peux pas, réussit à dire un Koorime soudain très fatigué.
Pourquoi cet abruti de renard avait-il fait ça? Il l'avait replongé dans le cauchemar duquel il venait juste de sortir d'une manière radicale. Il avait vraiment cru, un moment, quand il l'avait saisi par les épaules, qu'il avait rêvé toute sa vie depuis ce moment-là, qu'il avait tout inventé, sa sœur, sa force, Urameshi, le tournoi, le Jagan, sa liberté, pendant un autre moment perdu dans les ténèbres; qu'en fait, il n'était jamais sorti de la cave…
Il avait failli devenir fou, il avait failli finir par plonger entièrement dans ces ténèbres qui l'enveloppaient sans cesse, et qu'il avait seulement commencé à repousser.
-Au moins, je peux essayer, répliqua le Kitsune d'une voix douce mais ferme. Mais je comprendrai de toute façon bien mieux si tu me racontes que si tu ne me dis rien, et je veux comprendre. Je ne veux pas te laisser affronter seul tes démons, Hieï, lui chuchota-t-il à l'oreille en le berçant lentement, tu n'y arriveras pas… On est amis, non? Je refuse de t'abandonner à tes problèmes.
Hieï tenta soudain de se libérer des bras du renard, mais il le tenait fermement, et refusa de le lâcher- et il se sentait si faible…
- Dis-moi, je t'en prie… Je veux t'aider…
Non, pas se laisser aller, pas devant quelqu'un - il ne s'autorisait aucune faiblesse, surtout pas pleurer, non- s'il commençait à pleurer, il ne s'arrêterait jamais- surtout pas devant quelqu'un, surtout pas Kurama! Kurama était un de ses équipiers, comment pourrait-il continuer à lui accorder sa confiance s'il le voyait aussi faible, aussi…
-Je ne te veux pas de mal, Hieï, tu es en sécurité avec moi, je te le jure…
Soudain, avec un petit cri de chiot qu'on noie, Hieï enfouit sa figure dans le cou de Kurama et commença à trembler. Doucement, d'abord, puis plus fort. Les larmes qu'il retenait se mirent à dévaler ses joues, certaines imbibant le pyjama du Yohko, certaines roulant sur le sol en petites pierres noires.
Kurama lui passa doucement la main dans les cheveux, et recommença à le bercer tendrement, lui chuchotant des mots sans suite. Il chantonnait distraitement, lui murmurait des encouragements, tout en continuant à lui caresser la tête, atteint profondément par les hoquets et les sanglots de son ami. Il continua ainsi pendant longtemps à le câliner avant que le petit Youkaï entre ses bras ne s'apaise.

Ca faisait si longtemps qu'il avait enterré ce souvenir, qu'il avait essayé de l'oublier- mais il était resurgi, comme ça… Il lui revenait rarement en mémoire, et était toujours vivement refoulé. Et quand il lui arrivait d'en rêver, d'en rêver si totalement qu'il croyait le revivre, comme aujourd'hui, il lui suffisait de secouer la tête et de se dire que c'était fini, bien fini, et que ce connard de Jyujin ne risquait pas de reposer les mains sur lui pour finir ce qu'il avait commencé- Hieï se sentait toujours profondément soulagé quand, derrière l'horreur, lui revenait la fin de cette histoire…Le problème, c'était que Kurama était intervenu justement avant cette fin, avant qu'il ait tiré d'une part encore inconnue de son être la manière d'éradiquer son cauchemar.

Le feu.
Le feu qui avait surgi comme un ouragan, s'était emparé de lui. Hieï était à demi inconscient, il se sentait dériver très loin de son corps, se confondre avec les ombres qui l'entouraient- loin des mains froides de Jyujin qui tentaient de lui arracher son pantalon- et le feu avait rempli le vide qu'il avait fait en lui.
Sa pire crainte s'était réalisée, ce jour-là - la cave s'était effondrée alors qu'il était à l'intérieur. Et il avait découvert, avec une sombre joie farouche, que c'était à cause de lui- et qu'il serait le seul à en réchapper. Les flammes qu'il dégageait étaient tellement intenses que les débris de poutre qui tombaient sur lui partaient en fumée avant même de le toucher. Même ses vêtements avaient brûlé -il ne savait pas se maîtriser encore- quand à Jyujin, à son rire méprisant, à ses mains glacées qui s'agrippaient à ses épaules… Sa peau carbonisée était partie, lambeau par lambeau, puis sa chair s'était transformée en charbon…Maintenant, même ses os n'étaient plus que cendres.
Il se mit à rire, d'un rire effrayant par sa joie démente et par l'hystérie qui y couvait. Il sortit de la cave, lentement - les marches étaient en pierre, elles se contentèrent de se mettre à fumer sous ses pas.
Les autres voleurs, ceux qui n'avaient pas été surpris dans leur sommeil par l'incendie rugissant, se précipitaient dehors, terrorisés, sans comprendre comment le feu avait pu prendre si vite. Sans se rendre compte que le jardin, non entretenu, plein de branches mortes et de buissons dénudés par l'automne, était devenu un autre piège de flammes tout aussi meurtrier. Il en riait- si drôle de voir ces stupides démons se jeter par la fenêtre, voulant échapper aux flammes qui leur cuisaient le derrière, pour tomber dans un véritable bûcher.
Il se planta au milieu du grand salon délabré et considéra pensivement le gros Fert qui dévalait l'escalier en remontant son pantalon. Tandis que le gros sac se précipitait vers lui en beuglant il ne savait quoi, totalement inconscient du danger nouveau que représentait le petit Youkaï, il se rendit compte que la peur qu'il ressentait face à lui avait disparu.
Bientôt, Fert avait rejoint Jyujin. Puis les poutres qui tenaient encore debout s'étaient effondrées sur lui en d'immenses arcs enflammés, or et écarlate, qui envoyaient des étincelles sur le bleu de la nuit, craquant et sifflant. Si beau…
Il sortit des décombres comme un phénix, purifié par le feu, naissant à une autre vie. Parmi les cadavres des acteurs de son cauchemar.
Hieï cessa finalement de trembler et se détendit dans les bras de Kurama. "Mort… En cendres… Ce connard pédophile… je l'ai tué… Plus personne ne me touchera comme ça."
-Ca va mieux ? lui demanda le Yohko d'une voix douce.
-Mmm… Ouais… Lâche-moi.
Kurama soupira. Hieï avait retrouvé toute sa maîtrise, à présent, et tout son calme… Il ne saurait jamais.
Le Yohko relâcha lentement son étreinte, mais ne put se résoudre à ôter son bras de ses épaules. "Je n'ai jamais pu l'approcher comme ça, jamais" pensa-t-il. "Il recule toujours, dès que je passe la distance de sécurité. J'ai bien posé la main sur son épaule, des fois, mais jamais plus de quelques secondes… Ne me repousse pas, je t'en prie… "
Mais Hieï leva un bras qui ne tremblait plus, saisit le poignet du Kitsune, et le lui abaissa lentement loin de ses épaules, se désenclavant de son étreinte, sans le regarder.
Kurama soupira encore une fois. Il ne savait pas s'il devait être déçu d'être repoussé, ou bien soulagé de n'être pas "plus" repoussé. Il aurait aussi bien pu se retrouver en train d'essayer d'apprendre à voler depuis sa propre fenêtre, ou pire, transformé purement et simplement en morceau de charbon par réflexe de protection… Tant pis. C'était déjà pas mal d'avoir pu le tenir aussi longtemps, c'était un immense progrès même, il ne fallait pas trop en demander d'un coup.
Hieï se souleva et se rassit contre le mur, sur le matelas, bras autour des genoux en un réflexe de défense et d'isolement… Mais quand même à côté de lui. A même pas quinze centimètres. "Pas si mal…"
- C'est bon, tu vas mieux? Vraiment?
-Mouais…
Kurama avait l'air vraiment inquiet… C'était bon, pourtant, vraiment… quel abruti de renard, s'il était allé aussi mal pendant un moment, c'était de sa faute, et de celle de personne d'autre. Mais il avait essayé de l'aider, se rappela-t-il, même si ce n'était pas la bonne méthode
- Mais de toute façon, je n'ai pas besoin d'aide, lui rappela la partie "féroce démon du feu" de son être.
-Peut-être mais c'était quand même sympa de sa part, répliqua la partie "petit garçon perdu". Et il se disputa mentalement avec lui-même pendant quelques minutes, sans que l'une des parties l'emporte.
Jusqu'au moment où il aperçut le regard triste du Kitsune, et sa manière de baisser les yeux. Comme s'il souffrait de ce que Hieï ne lui dise rien, ou pire, souffrait de ce qu'il avait compris.
- Il est mort et il ne s'était rien passé d'irréparable, déclara-t-il avant d'avoir réfléchi. C'est juste que tu m'as réveillé juste avant que je le crame…
Il se tut brusquement, comme s'il se rendait compte de ce qu'il disait, et tourna la tête vers le mur.
Le Yohko sut qu'il n'en tirerait rien de plus. Mais c'était suffisant pour qu'il extrapole.
Bien ce qu'il avait pensé - ce qu'il avait craint - quelqu'un avait tenté d'abuser de lui alors qu'il était enfant.
Et il n'avait pas réussi, Hieï s'en était sorti tout seul - "que je le crame", voilà bien une manière très "Hieïesque" de rendre la chose…Pas de chance pour l'autre, qu'il ait découvert ses pouvoirs à ce moment-là…
Et il était tellement reconnaissant au Jaganshi, qui acceptait de s'ouvrir à lui…
- Merci… sourit-il.
- Tu t'inquiètes pour moi, Kurama? lui demanda le Koorime avec un sourire mi-timide, mi-malicieux, que Kurama eut du mal à comprendre.
Et pour cause, Hieï avait lui-même du mal à le comprendre. Quoique, non, en réfléchissant bien… C'était agréable de savoir que quelqu'un se souciait de lui, qu'il comptait, au moins un peu, pour quelqu'un. Rassurant. Mais il n'avait pas besoin d'être rassuré, lui rappela le démon du feu.
- Recouche-toi, ordonna-t-il, sourire évanoui comme s'il n'avait jamais été là.
Il n'avait rien d'autre à faire que d'obéir. Kurama se releva et se dirigea vers son lit, et se ré-emmitoufla dans sa couverture, toujours frissonnant sous le vent glacé.
Il mit une bonne heure à se torturer les méninges pour savoir comment passer le deuxième niveau de défenses avant de réussir à trouver le sommeil.

Il ouvrit un œil. Il faisait un noir presque total dans la chambre, comme d'habitude… Sauf qu'il se rendit compte soudain qu'à cause de Hieï il avait laissé les volets ouverts et qu'il aurait dû y voir plus que ça, grâce aux lampadaires dans la rue.
Mais les volets étaient fermés. Est-ce que Hieï était parti? Ce fut la première pensée qui résonna dans son cerveau, et il fouilla le matelas du regard, inquiet, essayant de penser, pour se soulager, qu'il ne pouvait de toute façon pas fermer les volets de l'extérieur… Mais il ne le vit pas. Pas davantage dans le coin du carton de la boule de poils. Nulle part dans la pièce, en fait. Pas là. Oh, non… Pourvu qu'il n'ait pas disparu…
Il se concentra pour sentir son énergie - peut-être qu'il était seulement allé boire…?

L'énergie de Hieï était toujours là. Proche… Très proche…
En fait, elle venait de juste derrière lui.
Il se retourna lentement sur le dos - il ne put continuer entièrement, quelque chose de chaud était pressé contre lui. Il tourna encore plus lentement la tête.
Hieï était couché derrière lui sur son lit, roulé en boule contre son dos, à même pas cinq centimètres. Son visage était très calme- c'était très étrange de le voir comme ça, totalement détendu, sans même les sourcils froncés ni rien…
Mais ça ne dura pas. Comme s'il sentait qu'on le regardait, il se réveilla.
- S'k'y a Kurama? Arrête de bouger, ronchonna-t-il, tu prends toute la place…
- Mais… Qu'est-ce que tu fais dans mon lit? demanda Kurama sans réfléchir, avant de se mordre la langue - maintenant, il allait croire qu'il ne voulait pas de ça…
- T'avais froid. Tu claquais des dents tellement fort que j'pouvais pas dormir, ronchonna le Koorime.
Exact- en partie. Il avait longuement réfléchi pendant que le Yohko se rendormait. Sur ce cauchemar qui revenait, mais surtout sur la réaction de Kurama.
Kurama essayait de toutes ses forces, à la fois de l'aider et de comprendre, et de respecter ses désirs - dans la mesure du possible.
La mère de Kurama : " Il n'y a pas d'âge pour la tendresse…"
Jyujin le frappant, le jetant à la cave. Il avait vite compris sa crainte des espaces clos, où on était à la merci du premier venu, et en avait fait une peur panique, puis une vraie phobie.
La mère de Kurama, le serrant dans ses bras: " Tu sais, c'est agréable, les câlins…"
Jyujin glissant ses mains glacées sous sa tunique.
Kurama le berçant, chuchotant des mots tendres pour le calmer.
Jyujin: " Je suis ton maître, tu dois m'obéir… Vilain garçon… ""tais-toi"
Kurama: "Hieï, je suis ton ami… Dis-moi, je t'en prie… Je veux t'aider…"
Jyujin qui le jette sur l'escalier. Assommé par le choc. Ecrasé sous son poids.
Kurama le relâchant à la première sollicitation, avec un regard triste. " Comme tu veux…"
Kurama qui le soigne, qui rit avec lui, qui se moque gentiment - le seul à oser- , le seul à savoir, toujours, quand quelque chose ne va pas, quand il se sent mal, le seul à savoir toujours quoi faire, le seul à ne pas tenter de forcer le sanctuaire de ses pensées. Kurama n'essayait jamais de le forcer à parler, il lui demandait. Toujours.
Il se moquait de lui aussi, des fois, gentiment- comme avec l'appareil photo. C'était facile de se laisser aller à rire avec lui… Enfin, pas à rire, mais… A se détendre un peu, à abaisser ses défenses… En tout cas ce n'étaient pas les autres qui osaient en faire autant avec lui.
Et puis, il comptait pour le Yohko, il en était presque sûr… Sinon, il n'aurait pas eu l'air aussi inquiet pour lui, non? Et puis, il s'était relevé pour lui mettre une couverture- sans penser au fait que Hieï, étant démon du feu, régulait très bien seul sa propre température; mais c'était l'intention qui comptait, non?
Voilà, quoi… Quand il l'avait vu trembler, il n'avait pas réfléchi davantage, il avait fermé la fenêtre, puis s'était glissé à côté de lui et avait étendu son aura pour l'envelopper dans la chaleur qu'il émettait. Il n'avait pas eu l'intention de rester, juste d'attendre qu'il se réchauffe un peu, mais… C'est vrai que c'était très confortable, un matelas, plus que le sol… Il avait fini par s'endormir.
Il le regrettait énormément, à présent. Kurama l'avait surpris à se préoccuper de lui… Sa réputation était fichue…
Bah, c'était pas si grave… Kurama n'allait pas raconter à tout le monde ce qui s'était passé ce soir… C'était un secret qu'il garderait entre eux, il le sentait instinctivement. Il pouvait lui faire confiance, le renard avait raison. Il lui FAISAIT confiance. Entièrement. Allez, c'était décidé.

Kurama le fixait, stupéfait. Hieï se souciait de lui… Le renard avait une envie folle de se mettre à rire, simplement parce qu'il était si heureux qu'il devait expulser son trop-plein de bonheur d'une manière ou d'une autre et qu'il savait que le démon du feu n'apprécierait pas qu'il se jette sur lui pour l'embrasser. Mais il se retenait, héroïquement, sachant très bien que le Koorime ne comprendrait pas autre chose que "il se fout de ma gueule".
-Merci, Hieï… sourit-il. Moi qui me demandais pourquoi je n'avais pas froid…
-Mmm… répondit-il en s'asseyant en tailleur à côté du renard, avec un regard désapprobateur et légèrement moqueur. Tu t'es même pas rendu compte que j't'approchais… 'Reus'ment qu'j'étais pas un assassin… Tu te ramollis, Kura.
Le Yohko cligna des yeux, surpris. Ce n'était pas son genre de donner des surnoms aux autres… Mais il n'allait pas relever, sinon, Hieï penserait qu'il n'en voulait pas; or il voulait avec joie de tout ce qui pouvait les rapprocher.
Un petit reste de fraîcheur se rappela à son bon souvenir et il frissonna dans son pyjama.
-Hieï, ça ne te dirait pas de te rapprocher à nouveau? sourit-il, sans s'attendre vraiment à ce qu'il obtempère, juste pour dire quelque chose. Je ne suis pas totalement réchauffé…
- T'es chiant…
[edittide]Message édité le 04-04-2007 à 14:27:49 par soussoulovedm[/

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   Posté le 04-04-2007 à 14:26:43   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

Hieï le regarda. Il avait très bien senti que Kurama n'avait plus si froid que ça… Mais qu'il avait envie qu'il se rapproche. Pourquoi exactement, il ne savait pas trop, il n'osait pas trop y réfléchir à vrai dire, mais il ne risquait rien à obtempérer. Il pourrait toujours s'éloigner si ça l'agaçait. Le renard ne le retiendrait pas.
Il se laissa retomber, la tête sur l'oreiller, bras croisés derrière la tête dans une attitude nonchalante. Il n'y avait pas de danger, chez Kurama, pas de danger du tout - mais cette fois il le pensait vraiment.
Kurama allait de surprises en surprises. D'abord le démon se collait à lui pour le réchauffer dans son sommeil, ensuite il s'étendait sur le dos, yeux fermés, à côté de lui… Il eut un choc en comprenant -en admettant- que c'était là la preuve qu'il avait enfin gagné sa confiance absolue.
-Hieï… murmura-t-il, ému et bouleversé.
Le démon du feu ouvrit les yeux et lui jeta un coup d'œil curieux.
-Mmm?
-Je… Merci.
-Merci quoi?
-De… Me faire confiance…
-Bah… souffla le démon en détournant le regard, gêné - il ne savait pas si malgré le noir Kurama pouvait voir qu'il rougissait, mais il ne tenait pas à tenter l'expérience.
-Tu vas pas me manger, non?
-Mmm… Je sais pas!! rit Kurama en se penchant un peu vers lui, toujours appuyé sur un coude. Le Youkaï farci, ç'est pas mauvais…
-Ca va être toi le Yohko frit si tu m'embêtes, répliqua Hieï.
Comme Hieï refermait les yeux avec un reniflement agacé, il en profita pour lui chatouiller le bout du nez avec le doigt.
-Hé!! râla Hieï en écartant sa main d'une tape, tout près d'éternuer. Ca va pas non?
-Tu craindrais pas les chatouilles, toi?
-Hein?…Comment ça les… NONONONONON!!! ARRETE ÇA TOUT DE SUITE!!! ARRETE!!! HYAAAA!!!
Eh oui, Hieï craignait les chatouilles. Beaucoup même. Il se tortillait, désespéré, dans tous les sens, pour essayer d'échapper aux doigts du renard, luttant pour réussir à respirer. Quand enfin Kurama arrêta ses assauts, le démon de feu était à bout de souffle, totalement épuisé.
C'était bien la première fois qu'on l'attaquait comme ça… Et la première fois qu'il riait autant.
Il lui fallut le temps de reprendre son souffle pour s'apercevoir que Kurama était penché au-dessus de lui, l'emprisonnant à demi sous lui. Ses yeux s'agrandirent sous le choc.
Le Kitsune sentit le changement d'humeur de son compagnon et en comprit sans problèmes la cause, aussi il s'écarta tranquillement sans qu'il le lui ait demandé, ne voulant pas mettre trop à l'épreuve cette confiance toute neuve.
Hieï le fixa, vexé qu'il se permette de telles privautés avec lui. Et les étincelles de rire contenu qui dansaient dans ses yeux étaient autant de moqueries qu'il devait lui faire regretter…
Oh, puis après tout, pas la peine de se mettre en colère, il devait bien y avoir un autre moyen de se venger.
Expérimentalement, s'attendant à être repoussé d'une seconde à l'autre, il tendit la main vers le ventre de Kurama, là où la chemise bâillait un peu et laissait voir de la peau nue.

Apparemment, il n'était pas le seul à craindre les chatouilles.

Kurama se débattit autant que lui et il craignit au début de faire une bêtise. Mais le renard se contentait de rire aux éclats en essayant faiblement de le repousser. Hieï se trouva en train d'essayer de le maîtriser d'un bras pour continuer à se venger sans qu'il l'ait consciemment décidé. Mais il remuait comme une anguille…Attends que je te tienne! Voilà… J'ai trouvé comment on fait!!
Hieï riait comme un gamin en plaquant le bras du renard sur le matelas, tout en s'asseyant purement et simplement sur son ventre pour l'empêcher d'échapper à ses expérimentations de ce nouveau style de tortures. Tiens!! Sur les côtes, ça marchait aussi, et encore mieux…
Il se rendit compte soudain, avec un choc, qu'il était assis sur le ventre de Kurama, qu'il avait une main sous sa chemise, sur son torse… Le Kitsune avait la tête renversée en arrière, il riait à en perdre haleine, yeux clos, écarlate. Ses longs cils noirs ombraient ses joues délicatement ciselées…
Kurama cessa peu à peu de rire, reprenant son souffle. Il ouvrit les yeux lentement, et redevint sérieux en surprenant le regard du Koorime.
-Kurama… souffla Hieï, mortellement sérieux. Pourquoi tu tiens tant à m'aider? A devenir mon ami? J'ai jamais rien fait pour t'encourager…
-Parce que… Je savais bien qu'un jour je réussirais! rit le renard.
Mais le Jaganshi ne riait pas, lui.
-Kurama, je suis sérieux.
-Ben… Tu faisais mine de n'avoir besoin de personne, mais tout le monde a besoin de quelqu'un… Je suppose que je suis trop bon pour te laisser simplement à ton triste sort… tu te rends compte que tu aurais pu ne jamais faire la connaissance d'un être aussi exceptionnel que moi?
-Kuraaa… râla Hieï en le chatouillant un peu pour lui faire passer l'envie de dire des âneries. Kurama, je… S'il… S'il te plaît.
Là, Kurama abandonna toute velléité de transformer leur discussion en déconnade. Hieï ne disait jamais, JAMAIS, 's'il te plaît'. Le Koorime avait vraiment besoin d'une réponse, une vraie réponse sérieuse, qu'il puisse accepter et comprendre. Bon, ben, tant qu'à se déclarer… Autant maintenant qu'il était d'humeur à parler de sentiments…
-Je… Dès l'instant où je t'ai vu, je… tu m'as plu. Beaucoup.
-Et ça a suffi pour que tu te plies en quatre pour moi de toutes les manières possibles et imaginables depuis trois ans?
Kurama leva les yeux vers le Koorime toujours assis en travers de son ventre, et la proximité et le désir le frappèrent, le laissant sans souffle. Il était si beau… Même dans l'obscurité, ses yeux écarlates brillaient, brûlaient. Mais pas de colère ou de fierté… D'impatience. Et d'appréhension.
-Je t'aime, Hieï…
Ils restèrent immobiles tous deux, jusqu'à ce que le renard se décide à reprendre la parole.
-Je t'ai aimé dès le premier regard. Au début, ce n'était qu'une tocade, mais au fur et à mesure que j'apprenais à te connaître…
Il se tut, gêné. Hieï s'était incroyablement ouvert en même pas une journée, oui, mais était-il devenu pour autant un incurable romantique qui n'aspirait qu'à ce qu'on lui parle d'amûûûr? Sûrement pas…

Sa vie en aurait-elle dépendu que Hieï aurait été incapable de faire le moindre mouvement. Il… L'aimait?! Kurama l'AIMAIT?! Vraiment?… Lui…?
Un petit démon du feu, mal élevé, grossier, brutal, froid, silencieux, renfermé, toujours en train de faire la gueule, et puis… Petit… et loin de valoir la beauté fascinante du renard…
Et jamais il ne s'en était douté… Mais comment aurait-il pu? Il ne savait rien de l'amour, rien que ce qu'on racontait dans les tavernes où il s'aventurait de loin en loin… Et ça, ce n'était pas la conception du monde des humains… Pas celle de Kurama, apparemment. Il …l'aimait…?
- C'est vrai? demanda-t-il comme un petit garçon, le besoin d'être rassuré l'emplissant tout entier.
- C'est vrai… souffla le renard, rougissant encore plus.
-Pourquoi? Pourquoi moi? Tu… On dit que t'es très beau, Kurama, même moi je le vois, et pourtant, je m'y intéresse pas trop à ce genre de trucs… T'es intelligent, tout le monde t'apprécie… Tout le monde t'aime. Tu peux te faire aimer de n'importe qui, et…
-Mais moi, c'est toi que j'aime, Hieï.
-Mais qu'est-ce que tu me trouves?! contra Hieï avec un grand geste de la main, essayant désespérément de convaincre le renard de réfléchir.
Parce que si il se faisait à l'idée que Kurama avait des sentiments pour lui et que celui-ci change d'avis juste une fois qu'il ait accepté ce cadeau inattendu…
-Je suis un nain et j'ai des cheveux en pétard, lâcha Hieï en se rappelant ce que lui disait toujours Kuwabara.
-Tu es musclé et très bien proportionné. Et il faut bien que l'un d'entre nous soit plus grand que l'autre. Et comme ça tu tiens très bien sur mes genoux. Et j'aime tes cheveux. Ils sont doux. Et crois moi ou pas; je te trouve beau.
-Je… J'ai un caractère atroce.
-Tu es passionné. Pour un démon du feu c'est normal.
-J'arrête pas d'envoyer tout le monde balader.
-Tu essayes de te défendre parce que personne ne t'a jamais appris la confiance.
-Je n'ai pas de cœur. J'aime personne.
-Tu aimes ta sœur. Pourquoi tu la défendrais sinon?
- Je suis froid et méchant et… et… je pourrais te trahir sans y repenser à deux fois.
-Tu fais ce qu'il faut pour survivre dans le Makaï. Et non, je suis sûr que tu ne me trahirais pas. Tu as eu trop d'occasions et tu es toujours resté à mes côtés. Je te fais confiance. Entièrement confiance. Et tu ne me décourageras pas comme ça, ajouta le Yohko avec un sourire.
Poussant un grognement de détresse, Hieï se passa les mains dans les cheveux plusieurs fois, les yeux fermés, même le Jagan. Il ne voulait pas pénétrer dans les pensées de Kurama. C'était une invasion et il le respectait trop pour ça. Mais ça le tentait tellement…
Mais s'il le faisait Kurama risquerait de changer d'avis.
-Je… Pourquoi?!
-Il n'y a pas une raison à donner, Hieï, l'amour ce n'est pas comme ça… Parce que tu es toi, Hieï… Fier, indépendant, courageux… Et tellement de choses encore…Ne doute pas de tes qualités, tu en as plus que tu ne penses, tu sais, tu te sous-estimes… Je crois que tu as besoin d'apprendre à t'aimer un peu.
Kurama leva une main hésitante et la posa sur son épaule, s'attendant à être repoussé d'une seconde à l'autre. Les contacts physiques, voilà qui ne plaisait pas trop à Hieï, et encore moins ce genre-là, d'après ce qu'il pouvait penser de son enfance…
Mais il ne le repoussa pas, bien que Kurama puisse sentir les muscles se tendre sous sa main.
-Hieï, jamais je ne te ferai le moindre mal. Je t'aime plus que moi-même… Je serai toujours là pour t'aider, peu m'importe de quoi tu aies besoin… Ca me fait mal quand tu te renfermes, quand tu me jettes, alors que je sens que tu souffres…
-Je ne… Je ne te rejette pas…
-Mais tu en as envie… Ne te force pas pour moi. On a le temps, Hieï… On a le temps de te réhabituer à des relations normales, pas la peine que tu te fasses du mal à essayer d'accélérer les choses… Je m'en voudrais tellement…
Hieï virait lentement à l'écarlate, adorablement gêné, et Kurama dut mettre à profit son fameux self-control pour ne pas lui appliquer un petit bisou sur le bout du nez, comme il en crevait d'envie. "KAWAAAAAAAAAAAAAIIII!!"
Puis il décida qu'un seul baiser, ça ne pouvait pas faire de mal.
-Hieï?
Le Jaganshi le regarda, hésitant, ses yeux écarlates pleins d'incertitude. Il battit des paupières quand le renard posa une main sur sa joue, mais autrement ne réagit pas. Kurama approcha son visage du sien, lentement, millimètre par millimètre, lui laissant tout le temps nécessaire pour se reculer si jamais il ne voulait pas, son pouce caressant par réflexe la joue veloutée du Koorime.
Hieï ne sentait plus que le souffle chaud du renard sur sa joue et ne voyait plus que les deux lacs d'émeraude de ses yeux. Son cerveau fonctionnait au ralenti, totalement hypnotisé par les actions du renard, et il fallut que les lèvres de celui-ci ne soient plus qu'à quelques millimètres à peine des siennes pour qu'il comprenne ce qui allait se passer. Il se tendit, considéra brièvement de reculer… Et décida qu'après tout, ça n'était pas vraiment une morsure à quoi il s'exposait. Au pire, il pourrait arrêter si ça ne lui plaisait pas… au mieux, il comprendrait enfin d'où venaient les papillons qui dansaient dans son estomac.
Il ferma hermétiquement les yeux, tendu comme une corde d'arc, le cœur affolé.
-AOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUUUUUUUUUUUH!!!!!!!!
-NANI?!
Après un saut de carpe d'un mètre sur le lit et quelques affolantes secondes à se désemmêler l'un de l'autre, Hieï et Kurama réussirent à se dégager et à se tourner vers la direction du cri, prêts au combat.
Du fond de sa boîte, Akatsuki leur dédia un regard misérable et se remit à hurler sa faim du plus fort de ses petits poumons.
-AAAOOOOOOOUUUUUUUH!!!
Kurama retomba sur le lit et enfouit sa figure dans son oreiller, murmurant des jurons tandis que Hieï se levait d'un bond pour aller pêcher la bestiole dans sa boîte. Il la prit dans ses bras et se retourna vers Kurama.
-Oi, Kura, il faut lui donner à manger. Je descends à la cuisine. Change sa caisse pendant ce temps, suggéra le Koorime.
-Pourquoi ça? demanda Kurama en se redressant.
-Il a pissé au fond, lâcha le Jaganshi en haussant les épaules, avec Aka-chan qui ronronnait presque, confortablement roulé en boule dans ses bras.
Derechef, le Yohko réenfouit sa figure dans son oreiller, en marmottant:
-Je déteste cette bestiole. Elle l'a fait exprès, je suis sûr. Attends que tu sois en âge de recevoir une raclée, tiens… Elle me hait. Elle m'en veut. Oui c'est ça, c'est de la jalousie. Je me vengerai.
Il se tut en entendant un rire. Il se retourna, incrédule, vers la chose la plus belle qu'il ait jamais vue. Hieï riait doucement, amusé, ses yeux d'un grenat sombre bien plus doux que d'habitude, un petit sourire aux lèvres. Kurama ne sortit de sa transe qu'en sentant le lit plier sous son poids.
-Hieï?
La boule de poils toujours dans les bras, le petit jaganshi se pencha sur lui et lui déposa un rapide baiser sur la joue. Rougissant légèrement, il attendit, perdu dans les grands yeux verts qui s'assombrissaient de désir.
-Hieï… souffla Kurama en tendant la main vers la joue de son ami, se penchant insensiblement vers lui.
-WAOUUUUUUUUUUUUU!!!!!!!!!!!!!!!
Deux seconde plus tard, Hieï avait passé la porte et était déjà à mi-chemin de la cuisine. Kurama envoya voler contre le mur son oreiller et toutes ses couvertures et se mit à pousser une série de jurons malsonnants très variés, qui pouvaient faire rougir même les putains du Makaï, en une douzaine de langues humaines et démoniaques, accumulés patiemment au cours de siècles d'existence.
-Je hais cette boule de poils. Tu parles d'un cadeau d'anniversaire…

Fin
Shani
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   Posté le 04-04-2007 à 18:33:03   Voir le profil de Shani (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Shani   

O.o Kurama qui insulte quelqu'un. Sinon j'aime beaucoup, t'es douée et tu fais moins de fautes que moi, snifff.


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Shani

Si tu me parles, je te tue. Si tu m'approches, je te tue. Si tu me touches, je te tue. Si tu m'oublies, je te tue.
soussoulovedm
vive depeche mode et yuyu hakusho
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   Posté le 05-04-2007 à 14:02:49   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

c pa la mienne de fanfic, je les prises sur un autre site ou il y a plusieurs fanfics de différents mangas!!
Shani
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   Posté le 05-04-2007 à 14:12:02   Voir le profil de Shani (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Shani   

Fanfic.net ?

Moi j'en créée mais je les publies pas.


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Shani

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   Posté le 05-04-2007 à 14:15:50   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

nn c sur http://asukasama.free.fr/
tu peu m envoyer tes fanfics stp?
Shani
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   Posté le 06-04-2007 à 21:12:07   Voir le profil de Shani (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Shani   

Si tu veux mais je te préviens moi et le Yaoi euh voilà quoi c'est pas mais alors pas mon truc. Puis la plupart de mes fics sont sur Naruto, Bleach mais j'en ai aussi (un peu) sur Yuyu Hakusho.


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Shani

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Yusuke
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   Posté le 07-04-2007 à 15:56:03   Voir le profil de Yusuke (Offline)   Répondre à ce message   http://yuyuhakusho.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Yusuke   

Waouw,enfin une nouvelle Fan Fic!Merci de l'avoir mise soussoulovedm!!!On retrouve enfin ses persos favoris!!!


Bha,Shani,pourquoi tu les mets pas?!?


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   Posté le 07-04-2007 à 20:39:44   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

j envi de mettre une autre mai y a le controle parentale!! snif!! csur le passe de yoko kurama
Yusuke
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   Posté le 08-04-2007 à 15:04:31   Voir le profil de Yusuke (Offline)   Répondre à ce message   http://yuyuhakusho.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Yusuke   

Ah,zut...
Oh,ça a l'air bien!


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   Posté le 22-11-2007 à 20:43:34   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

ata vai la remettre^^
Yusuke
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   Posté le 30-11-2007 à 21:00:18   Voir le profil de Yusuke (Offline)   Répondre à ce message   http://yuyuhakusho.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Yusuke   

OK,on l'attend!

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   Posté le 09-12-2007 à 17:55:24   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

ouai maijlesplu
dans la barre de recherche vs tapez "prélude à Samsara" et y aura la fanfic
Yusuke
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   Posté le 14-12-2007 à 09:51:46   Voir le profil de Yusuke (Offline)   Répondre à ce message   http://yuyuhakusho.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Yusuke   

OK,je vais voir!

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   Posté le 15-12-2007 à 17:09:20   Voir le profil de soussoulovedm (Offline)   Répondre à ce message   http://soussoulovedm.skyblog.com   Envoyer un message privé à soussoulovedm   

^^
Midoki
Yhokai de mauvais poil...
Assistante Spirituelle
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   Posté le 16-10-2010 à 19:31:24   Voir le profil de Midoki (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Midoki   

Hello j'ai lu ta fic...O.O waow j'adore!!(surtout la petite touche Yaoi a la fin (j'adore le yaoi je sais c'est pas bien T.T))Continue comme ça a écrire et poster des fics elles sont supers!!!

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